Pendant le weekend

Lou Ye au Jeu de Paume

Il n’est pas nécessaire d’être sélectionné pour le festival de Cannes pour être connu, mais c’est parce que ce festival existe que certains vivent encore libres. Je crains que ce ne soit le cas de Lou Ye. Je ne connaissais pas les films  de ce cinéaste avant cette séance du cycle « Entre Fiction et Documentaire » organisé par Christian Delage et ses étudiants (qu’on remercie ici encore).

Lou Ye et sa traductrice (qu’on remercie tous les 2)

Lou Ye est arrivé avec une traductrice, il tourne en France (bienvenu) et espère que son film sera distribué en Chine (il y a dans le cinéma, quel qu’il soit, une dimension nationale importante : cette question se pose pour tous les cinéastes, je me souviens de Milos Forman, de son « Les Amours d’une blonde » et de la censure à son encontre). On espère d’ailleurs que son film sera sélectionné pour le festival de Cannes 2011 (sans doute se trouve-t-il au montage – on se souvient de Wim Wenders et de ses bobine de film sou!s le bras, portant « Alice dans les Villes » -sublime- si je me souviens à la projection de Cannes…) (on en saura probablement un peu plus ce 14 avril, après la conférence de presse du festival)

Anne Kerlan nous a présenté quatre des films de Lou Ye :

Anne Kerlan et Christian Delage (idem)

l’un, probablement onirique (Suzhou River, 2000); le deuxième, historique (Purple Butterfly, mon préféré-encore une fois je n’en ai vu aucun; 2002-2003); le troisième actuel (« Une jeunesse chinoise », j’irai bien le voir-2006); et le quatrième (dont je n’ai pu attraper de cliché) contemporain (« Nuit d’ivresse printanière » -2009). 

Je pose ici quelques images de ces films, que j’ai réussi à capter et qui en diront long j’espère sur ce cinéma et ce cinéaste.

Suzhou River (2000) : 

Il la poursuit, elle va enjamber le parapet d’un pont..

 

Comme à Orphée Euridice, elle lui dit de ne plus bouger, sinon, elle sautera…

 

Il fait un pas en avant, elle se laisse aller en lui disant…

 

Quelques plans plus tard, puis… 

 

l’autre, quelques années plus tard.

 

Purple Butterfly (2002-2003) : 

 

La guerre  se déroule tandis qu’un homme, dans cette voiture, sera enlevé…

 

 

Son arrivée en train…

 

 


S’enfuir…

 

Ceux qui viennent le chercher, de dos…

 

puis de profil…

 

prisonnier dans la voiture, tandis que la fusillade tue et ensanglante la gare.

 

 

Summer Palace (Une jeunesse chinoise – 2006)

Perdre ceux qu’on aime alors qu’on partait vivants et gais…

 

Mêler la fiction à une sorte de réalité, la révolution avortée et la place Tien an Men (1989)

 

Le feu, la guerre et la mort en réponse aux demandes de liberté…

 

Lou Ye condamné à ne plus pouvoir tourner durant 5 ans, ses films ne seront plus distribués en Chine…

 

La scène de la piscine, où j’ai pensé à « Dites lui que je l’aime » (Claude Miller, 1977)

 

L’onirisme, l’amour, les corps, la politique, la mémoire, la guerre et l’insoumission : sont-ce ces thèmes qui valent à Lou Ye d’être interdit de pratiquer son cinéma, échevelé caméra à l’épaule, mêlant images d’archives et de fiction (y a-t-il vraiment une différence d’essence entre ces deux sources ?) ? A-t-on jamais vu un régime abattu par des images de cinéma ? (en revanche – cf la série des « Pourquoi nous combattons » par exemple, ou d’autres images de propagande, quelle qu’elle soit- et très souvent, le cinéma sert de faire-valoir à des régimes qui en abusent pour asseoir leur renommée et leur image au monde (Hollywood, comme Bollywood… et d ‘autres).

Faire attention, et se battre autant contre l’auto-censure que contre la censure d’Etat…

 


 

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