Pendant le weekend

Sam

C’était déjà (il est né en 1912) un homme âgé lorsque  « Shock Corridor » (réalisé en 1963, photo : Stanley Cortez) est passé en France -ou du moins lorsque je l’ai vu, à l’Action La Fayette  au milieu des années 70. Hallucinatoire; ou hallucinant.

Un noir qui porte un discours de « red neck », qui l’assume, 

et bien sûr qu’il est fou : mais qu’est-ce que ça change ?

Rien.

Le cinema de 

ne fait pas dans la dentelle. Ses scénarios non plus (c’est lui qui les écrits, c’est lui qui les produits, c’est lui qui les tourne : Sam Fuller est un type assez indépendant) : ils dénoncent. Il dira : « Un film où un homme rencontre une femme, lui dit « bonjour » et elle qui dit « vous avez une cigarette ? » et lui « Oui, voilà » et elle « merci », ça ne m’intéresse pas » (ça n’intéresse vraiment personne, en effet). Lui ce qu’il veut, c’est captiver son public probablement avec de « la violence, la haine, l’amour, la mort, en un mot l’émotion… » (sa ligne de dialogue dans Pierrot le Fou, JL Godard, 1965). Voilà ce que c’est que le cinéma.

Il raconte son enfance, son adolescence comme journaliste (il énonce une quinzaine de titres de journaux dans lesquels il a travaillé), de 14 à 17 ans (« Park Row », 1952, qui retrace l’histoire d’un journal)

« Ce reçu est un faux » dit le rédacteur en chef qui a lancé une souscription pour faire construire la base sur laquelle on posera de la statue de la Liberté (due au sculpteur Bartholdi).

Il raconte la deuxième guerre mondiale (« Verboten », 1960, puis « The Big Red One », 1980) parce qu’il l’a vécue, celle de Corée, il racontera la Chine et le Japon, les gangsters et la mafia (« Underwold USA », 1960) parce qu’il les connaît pour les avoir interrogés : 

En costume cravate, Sam Fuller, pédagogue dans le plus pur style d’Objectif Burma… (le prégénérique de Underwold USA)

Tous les genres : le western (« Forty Guns », « Quarante Tueurs » en français, 1957), plan séquence sur plan séquence, il dira : »quand Stanwick arrive je recule de deux mètres, elle passe, ses quarante tueurs derrière elle, la poussière, voilà…! »

Le recul de la caméra dans quelques secondes et le passage entre elle et les acteurs des « forty guns » menés par Barbara Stanwick.

« S’il n’y a pas besoin d’une femme dans un film, je n’en mettrai jamais ! » déclare-t-il, ce qui ne peut pas aller pour l’esprit d’Hollywood et du maccarthysme du début des années cinquante (d’ailleurs, Hollywood déteste les gens qui pensent).

Dans  « The Naked Kiss », la première scène montre une prostituée volée par son souteneur qui le bat, qui le cogne même, il l’attrape par les cheveux et ne retient que la perruque qu’elle porte…

Constance Towers, magnifique dans « The Naked Kiss » (1964)

elle le terrasse, et s’en va… La violence, l’amour la haine, au plus près du monde tel qu’il est ou a été, et, toujours, cette forme de message en forme d’humanisme qui incite à ne pas juger les gens sur leurs apparences mais bien plus sur leur vérité et ce qu’ils sont vraiment, ce qu’ils incarnent par leurs actes. Un cinéma « coup de poing », sans doute, mais intransigeant et moral.

Un cinéaste comme on aime savoir que la cette planète en a porté, et en portera encore. Dans la série « Cinéaste de notre temps » réalisation

avec la collaboration

C’était alors (en 1967…) de la télévision. 

Sam est mort le 30 ocotbre 1997 : ça ne fait rien, on ne l’oublie pas.

Il raconte son enfance…


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