Pendant le weekend

Carnet de voyage(s) #68

 

Début d’automne, le fil ne se perd pas vraiment mais le travail m’a fui : j’essaye encore, je bouge, je change, je me débrouille mais rien ne vient… Quelle heure est-il quel temps fait-il ? Je ne sais pas, regarder le monde comme il vit me donne le vertige, les Syriens, les Kurdes, la survenue blanc comme neige de ce minuscule, le salaire d’un président-directeur-général (six cent mille, mais il a renoncé à ses primes, tu vois ça d’ici) né lui aussi à Neuilly (lui aussi je veux dire comme nano 1 qui refait surface comme si de rien n’était, combatif, avec l’envie, l’amour du profit, la volonté de sauver le pays très probablement proactif et toutes ces abjectes concupiscences à peine travesties sous un vernis gluant et pervers : par quel prodige son successeur est-il cependant parvenu à faire pire ? je ne sais…), rien ne se perd rien ne se crée disait la maxime, alors regarder le monde et n’y trouver que de l’ignoble ? Je ne préfère pas, non…

C’était en août

vers le nord 11

dans le champ sont les pommiers, tout meurt et tout renaît, un matin un type avec son seau venait prendre quelques fruits, nous racontait comment sa femme souffrait, c’était fini en rémission et voilà que ça revient, on parle dans les rues sur les routes, le monde tourne, c’est l’été encore, c’est encore une petite chaleur, un peu de vent qui vient de la mer, loin de nous, la promenade passe par les champs

vers l'est 9

rien de spécial, des travaux du bricolage de la peinture, tailler quelques arbres, pelouses ou herbes, prendre quelques fruits, regarder partir le vent et le jour, tout est sombre et la nuit aux étoiles qui parfois cessent de briller, ce ne sont que nuages, mais c’est parce que tout passe que tout renaît, un jour on pousse jusque je ne sais plus exactement où, je crois l’Etoile ainsi se nomme ce village, un mont, Cerisy, des rhododendrons comme s’il en avait plu la veille, des feuilles aucune fleur, loin en loin, le ciel se découvre, la pluie cesse, on avance, l’auto monte la pente, on se gare, là une ruine, tu sais toujours les choses me font souvenir, comment faire autrement

vers la gauche 1

(on ne peut pas n’en pas couper, on ne peut guère prendre de photo sans prendre de cadre, on ne peut pas, c’est ainsi) ce n’est pas si loin, le Portugal, et ces routes vers les Indes, les Caravelles, les voyages ce ne serait donc que cela, une flèche qui va vers le sud, une autre vers le nord

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(« tu vois ce clocher ? c’est là que je vis », dit l’image) Saint-Petersbourg (2 247 km, le 7 coupé par le cadre a chu comme l’empire), alors pas encore Leningrad, pas encore déchu, pas encore de transparence (ni glasnost ni perestroïka, tu te souviens), ni de reprise par un tsar identique, un homme aux serfs, aux oukases, aux conquêtes et aux crimes, non le mensonge, non, plus bas on découvrira que cette table qui donne ces noms, ces êtres si lointains, ces villes et ces distances, ces voyages ces passages, sac au dos ou yeux cachés derrière lunettes, foncées, particuliers ou régents, gueux ou rois, rues qui elles ne voient rien, habitants et humanités, rires et pleurs, on découvrira cette sorte de marque

vers la droite 2

si je la pose à l’endroit, tournant la photo pour qu’on en puisse lire la provenance, le lieu de production, qu’on en lise la Lave

lave émaillée 3

non, on n’en voit pas tellement plus puis entre parenthèses, en minuscule (Puy de Dôme) mais il est écrit « lave émaillée Saint-Martin-près-Riom » cependant, en capitales d’imprimerie, puis entre parenthèses, en minuscules (Puy de Dôme), loin, vers le Massif Central, l’étape du Tour de France, en cherchant on trouve (on s’en fiche un  peu, mais on trouve) jolies couleurs et jolies images, peut-être naïvement reproduites, le monde n’est pas tel qu’il est, on regarde à l’est

vers l'est 10

puis on regarde vers l’ouest

vers l'opuest ciel 8

au loin coule la paix, c’est cela qu’on recherche mais jamais ne la trouve, il fait toujours beau quelque part dit la chanson idiote, alors cette cigarette, ce briquet, alors que le jour se lève, que dehors on installe la table

entrée 7

faisons un café, prends ton livre, viens on sort

entrée 6

il fait jour, si jour, on s’installe ? On lit ? On boit, café pain beurre, matin rosée ombres longues le mois d’août s’en est allé, le monde est tel qu’il est, tout y meurt tout y renaîtra tout passe et ce sang qui bout dans les veines, les rires et les pleurs des enfants, viens on part

vers la gauche 1

 

 

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1 Comment

    on a besoin du dépaysement des souvenirs (trajet low cost)…