Pendant le weekend

Quinze seize dix sept/ deux cent un deux trois

 

 

avant hier, ça partait de Bastille pour aller à République, par les boulevards

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il faisait assez gris comme on voit, il y avait un peu de monde, c’était raisonnable, gai, bon enfant malgré les fouilles aux entrées

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on a mangé un casse-croûte (2 euros) acheté dans un camion syndical, on a marché je me suis arrêté à Chemin Vert, il y avait des flics un peu partout qui tentaient de scinder la manif, ici ou là, robocopisés et j’ai eu peur, comme d’habitude, manque de courage ou soudaine vision claire, je suis sorti et sur le Richard-Lenoir, à la grosse bouteille (service d’une gentillesse rare) je t’ai offert un café, des pompiers en moto sont passés par là

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et puis tu y es retournée, moi pas, j’ai pris le métro des trucs à faire visite chez l’oculiste (ça ne se dit plus) ma vue n’a pas baissé, hier, j’ai acheté une nouvelle paire de lunettes – trois cent cinquante, foutre…! remboursement sécu : 4 euros – en partant en métro j’ai croisé ce type, fatigué

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j’ai lu dans le journal qu’un manifestant avait pris une grenade lacrymogène en pleine tête, sur la place de la République, qu’il avait perdu un oeil, il s’appelle Laurent Théron, la préfecture avait déclaré la veille qu’il n’y avait pas de blessé du côté des manifestants, mais huit du côté des « forces de l’ordre », je me suis souvenu de Romain D. – qui l’oublierait ? – ressenti ce slogan dans toute son horreur pour ces blessés

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vu aussi que le défenseur des droits avait été saisi (il se nomme Jacques Toubon, il peut faire en sorte que ces violences inutiles soient sanctionnées, on l’y encourage et on suivra), j’ai tenté l’atelier d’été comme à chaque fois mais ça a tourné à la fiction, posé des photos dans les commentaires, raconté ma vie, fait le recensement des divers auteurs, un tableau comme on sait faire depuis des lustres et des lustres – ça ne fait que quarante ans que je fais ce métier, après tout ça ne fait que huit lustres – douze colonnes, cent lignes, j’ai envoyé une balle de ping pong en forme d’image à Christine Jeanney

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elle m’en envoie une à son tour

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afin de faire vivre la maison(s)témoin, j’ai essayé d’écrire, j’ai marché, beaucoup, j’ai téléphoné un peu, j’ai offert un café à l’une de mes filles, entendu des horreurs sur les écoles de théâtre, notamment rennaise, j’ai fini le power-point et le texte journées ABDBP pour mardi  (je le posterai sur le site de l’aiR Nu, dès que possible), j’ai écouté le 36 secondes de ce vendredi –nouvelle rubrique magnifique- qui parle de Patrick Modiano, d’un croupier corse et d’un piano au loin : merci Anne…, pris un billet etc. et puis on a été voir « Clash » au ciné Louxor (Mohamed Diab, 2016) un coup de poing, oppressant, éprouvant, mais sans doute édulcoré vis à vis de la réalité, notamment des forces de police, et puis et puis… je n’arrive pas à dormir… Les travaux ont débuté dans la maison brûlé, je ne sais plus à qui je disais que je passerai désormais par un autre chemin pour aller récupérer l’auto, mais voilà, le climat est passé du côté de l’automne…

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3 Comments

    vous avez fait beaucoup
    et quant au matin vous êtes arrivés à entrer dans la manifestation c’est déjà ça (Gérard Filloche, un ancien camarade, a été refoulé..)
    la maison témoin suis pleine de remords et à court d’idées, l’atelier ai fini par pondre

  • Il devient impossible de manifester sans perdre en quelque sorte la vue. Par contre les « casseurs », eux, sont insaisissables.

    Vu les articles sur ce manifestant énucléé. Cazeneuve n’a pas démissionné.

  • @Dominique Hasselmann: les « casseurs » insaisissables – d’autant qu’ils agissent, objectivement, dans le sens de la force et de l’ordre – ne seront jamais identifiés – on peut voir ce qu’il en a été dans la Grèce des généraux, au Chili de Pinochet, et partout ailleurs où l’Etat et la force constituent une sorte de rempart (aujourd’hui, les Philipines, l’Irak, la Lybie). Ce type de contre-vérité institue la nécessité de la réaction : il n’en est pas ainsi et je pense, j’espère, je crois tout en ne parvenant pas vraiment à m’endormir, que le monde parviendra à sortir la tête du bourbier patriotico-nationaliste.