Pendant le weekend

Atelier d’été 18.32

 

consigne 32 : ciels ma ville !

allez donc voir, en numérique, les occurrences du mot « ciel » chez Baudelaire, Apollinaire ou Proust… regardez aussi les extraits du « Livre des ciels » de Leslie Kaplan, ou les débuts des Maigret de Simenon : et il n’y aurait rien à écrire des ciels de votre propre ville en construction ?

 

le jour ou la nuit, bleu gris changeant, écume ou bourrasque, par dessus le toit si bleu si calme, au loin l’immeuble où vivait, au sixième, ce médecin asiatique – je pensais à Marguerite et à sa mère en l’écoutant – il est nécessaire, en entretien, de penser à autre chose que ce que racontent les intéressés, ne pas se prendre en leurs méandres sauf ceux qu’ils ne maîtrisent pas, une longue pratique, une longue patience, j’entendais Jane dans le poste hier qui disait « il faut savoir ne pas prendre une photo » et de même il faut savoir ne pas poser de question, se taire, attendre, penser au barrage contre cet océan qui couvre la moitié du globe, de loin il apparaît bleu comme le ciel nous apparaît – il fait beau il fait nuit, dix ou douze images pour regarder comment il se déroule sous nos yeux, de l’embouchure du Tage à cette entrée en ville – il y avait eu des velléités magnifiques du temps de pompide (il avait été banquier aussi, lui, tiens comme c’est bizarre) de couvrir par ici le canal et en d’en opérer par là une « pénétrante » en ville – on adore ça, les vocabulaires des technocrates, ploutocrates ou autres crates de merdalakon – je m’égare – écrire sur les cieux, les étoiles y ont un doux froufrou, les « au revoir D. ! »

qu’on criait dans le petit jardin de la maison, le bleu des persiennes et le sifflotement de Filipo, l’échelle posée contre le mur blanc de chaux qui montait à la cuisine – en bas buanderie garage autre chose sans doute mais moi, je ne sais plus rien

de cette Jacqueline-là – il y avait dans le petit salon des Invalides cette table qui venait du salon vert où on posait le téléphone alors noir ébonite cadran et puis il y avait le ce sale type – maintenant c’est un sale type, prison, sans doute escroquerie, une femme seule et veuve, des enfants qui s’en foutent un peu comme d’un peu tout, je me souviens

du billet de cinq francs – l’effigie de Victor Hugo – posé dans l’eau du caniveau pour voir s’il flottait – je me souviens de beaucoup de cieux et de ciels, le titre donné aux films de la Paramount « le ciel pour témoin », un titre qui va un peu avec tout, sous le ciel de Paris, une chanson, les enfants dans la cour de l’école et le prof de musique qui donne le tempo, Brice peut-être bien, un samedi vers midi – le bleu des volets chez Junior, la terrasse, au loin très loin un léger ressac, très loin, les cieux qui se fondent avec la mer et l’océan au bout duquel Rio et son pain de sucre, sa statue du Christ Roi comme elle est ici sur la rive gauche, qui domine le pont, au loin, celui sur la rivière Kwaï siffler casquette David Lean, sous la passerelle le canal et le reflet des bleus, les empreintes les griffes les traces des rejets des réacteurs et les flammes qui sortent des moteur du Super Constellation, ou du Douglas (MacDonnell me dit ma mémoire, mais elle se trompe toujours, et toujours elle me noie dans des considérations inutiles, techniques, perdues et sans innocence) on a tout perdu, et le jardin et la maison et l’emplacement sur l’avenue du Théâtre Romain, les petits arabes qui vendent des lampes à huile, le type qui se promène avec sur la tête en équilibre son plateau empli de beignets, bombolonni disait-on, et puis les manicotti faits par ma tante, celle qui prenait l’avion ou qui l’avait pris qui s’en était allée, la fille de celui qui allait en Tchécoslovaquie acheter des matériels agricoles et son mérite, je me souviens ce magasin, tracteur dans les verts dans les rouges, le ciel et le soleil plombé au dessus des souks où il disparaît – la touffeur des après midis, il pleut ou

à la nuit, on oublie le bleu et on passe à la lumière, l’artifice, les couleurs dans les bleus, dans les rouges, il n’y a pas de couleurs il n’y a que de la lumière, celle qui s’échappe au bout de l’horizon tandis qu’on passe au dessus de l’eau là-bas cette forme d’une espèce de poisson, c’est Venise, on passe on vole, on s’en va au dessus des ciels le monde l’espace le cosmos l’azur on passe en bas quelqu’un pour dire au revoir ? qui sait, qui peut savoir, ils n’étaient pas si nombreux, aujourd’hui ils déteignent et ça en devient blanc des nuages des kérozènes le volcan un jour a tout arrêté – tu te souviens, on devait aller à Barcelone ces jours-là et au ciel, il n’y avait plus que du bleu, rien d’autre et les bruits rien, on a attendu on y est allés en train, quelque chose comme ça, quelque chose qui revient – c’est toujours là, au dessus et d’un sourire on le regarde, on emplit ses poumons d’un peu d’air frais, le matin c’est vers l’est qu’elle déteint radieuse cette lumière, le pays du soleil levant ou celui du matin calme, Henri « aller pêcher au cormoran »

qui vivait au dessus de chez L. sur cette place-là, les images de lady D. cette nuit-là qui sort de l’hôtel, un trente et un août deux du avant de s’enfuir, l’alcool au coeur et au ventre du chauffeur, la colonne et la rue de Castiglione, le fond de l’image est fait d’arbres et par delà les voiles vertes des milliers de feuilles qui bougent au vent, ce bleu simple et clair tendre romanesque peut-être, il fait doux,il fait si doux Malou

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