Pendant le weekend

hiver atelier de nouveau

 

avec les quelques paragraphes ici déployés, une introduction en forme du codicille d’été – cependant on ne peut pas savoir à quoi peuvent bien servir les divers items de ces travaux : entreront-ils dans une version définitive du texte ? y en aura-t-il seulement une ? j’ai longtemps ruminé le modus operandi de Jacques Echenoz : écrire, puis réécrire (recopier en creusant) , puis encore et encore le même texte – celui de Jipé que j’aime (ne pas terminer, aller où on est porté, puis réaliser les raccords) – avant de prendre une douche et de pleurer sur ma pauvre condition. Il se peut qu’on y travaille, il se peut qu’on en finisse – je ne sais pas – je vais lire Claudio Magrus « Classé sans suite » et j’en reparlerai encore, je suppose.

Je pose ici l’image en question (je suppose que j’ai tort) (j’imagine que j’ai raison) : c’est parce que je l’aime.

Il a bien fallu commencer par quelque chose – mais c’était déjà en route depuis juin et le #3 – on a décidé de continuer sur la même voie (la fiction) – on constate que les choses ont beaucoup avancé, les tenants et les aboutissants, tu sais ce que c’est : il y a dans la suite deux femmes qui s’occupent du salopard – on l’a surnommé un petit peu « Fauteuil » – ce n’est pas précisément la suite, c’est plutôt une annexe, comparable, semblable dans une sorte de réalité : des choses se sont passées dans les années quarante-cinq à quatre-vingt pour une foultitude de tenants de la victoire du troisième royaume (un royaume, un peuple, un chef) qui trouvaient refuge amélioré chez les Stroessner, Péron et compagnie – ces tenants aussi de la défaite des alliés – ce sont des pays dits « neutres » dans le conflit – sans parler des ordures européennes du genre, comme un Salazar ou un Franco. La lecture du livre d’Olivier Guez apporte des précisions (elles seront certainement développées et mises en image durant un de ces prochains week-end) mais surtout, pour ce qui nous occupe ici (nous je veux dire moi, et les lec-trices et -teurs d’hiver numéro zéro) une disposition de la fuite du docteur josefmengele : elle se trouve dans son départ du continent – sa fuite – pour échapper à ses responsabilités (prenons ce mot-là : ce qu’il a ourdi, réalisé, produit et ordonné pendant la guerre est inqualifiable) – enfui comme le lâche qu’il était – il prendra un bateau (le North King, qui battait pavillon portugais, escale à Lisbonne direction Buenos Aires, quarante huit je crois bien – c’est assez documenté) : sa famille a beaucoup d’argent et l’aidera – ville de départ : Gênes

1. une image, sage et recadrée : on accède au belvédère par un ascenseur partant de cette petite place située entre deux tunnels pour les autos (la ville est bondée de tunnels, pour les autos, pour les trains, de ponts, d’avenues serpentant sur les bords des collines) – l’image est prise par un robot porté par le toit d’une voiture conduite (vraisemblablement) par un être humain – il fait jour, assez beau, le temps en est clair (les ombres pourraient en indiquer l’heure : aux alentours de midi)

2. cette image avait placée un jour en commentaire (chez madame Barroso) – pour ces animaux qui volent sur cette place – ici captés trois individus d’une autre espèce (des pigeons), ce sont des perruches dont on entend ici les cris très souvent matin et soir (elles sont vertes et volent et se posent sur les pins qui entourent le promontoire – on peut discerner deux individus de cette espèce, droite et gauche cadre (peut-être sont-ils assez « parasol de préférence ») ; au milieu de l’image, les palmes d’une autre espèce)

3. ça ne se voit pas exactement mais il faudrait se tourner un peu sur la gauche et on distinguerait certainement les volets jaunes du dernier étage de l’immeuble abritant la pension (elle porte le nom de la rue qui l’abrite, albergo Cafaro) dont la chambre trois invisible d’ici se nomme la suite Napoléon (par une légère antiphrase, ironique, le propriétaire intitulait ainsi cette pièce et sa salle de bain attenante, une bonne trentaine de mètres carrés dotée de quatre fenêtres lesquelles ouvraient sur la perspective de la ville, son port qu’on découvre aussi ici)

4. on peut discerner quelques palais (blanc, rouge, je ne sais plus exactement) notamment la tour crénelée de l’un d’entre eux, ils sont dédiés à des musées de nos jours mais dans les siècles qui précèdent, ils abritaient les familles des riches armateurs de la république de Gênes – on l’avait surnommée l’Orgueilleuse il me semble me souvenir (on lit avec plaisir ce genre de détails (ce genre, mais pas seulement) dans le « GEnove » de Benoît Vincent, aux éditions Attila)

5. je voudrais y mourir, si c’était possible

6. au loin s’éloigne les Caravelles qui iront conquérir (la conquête la colonie l’esclavage l’or la guerre) (la chanson « Conquistadore » de ce groupe, Procol Harum) les côtes lointaines, Amerigo Vespucci et les Antilles (pas que : aussi celle de Neil Young, « Cortez the Killer ») – les îles Moustique, le triangle des Bermudes et les anguilles, tout un tourisme de petite pacotille et de petite histoire stéréotypée (Mort Schuman et « Allo papa tango charlie »? peut-être – la neige sur le lac majeur, plutôt)

7. les grues, les conteneurs, les caisses entassées sur les navires (ils en font des tonnes; pour s’arrêter il leur faut des heures; aujourd’hui leurs équipages, souvent, ne sont pas descendus sur terre depuis mars, neuf mois de mer afin que nous trouvions des baskets à cent euros la paire dans des magasins non-essentiels : dieu merci (comme disait ma grand-mère) (que j’aime toujours) ils ont rouvert ces jours derniers

8. le plus grand port d’Europe de Méditerranée du monde ; quand même ça le serait, cela n’effacerait pas le fait qu’elle devient, cette mer, un cimetière : ce fait est entraîné par le précédent (on en arrive ici, au point huit : observer sa place, savoir d’où on parle)

9. la Lanterne le plus grand phare d’Europe, du Monde ou le plus vieux, ou le guide des marins – on y a organisé une espèce de musée qu’on peut rejoindre, partant du centre, par un parcours piéton – longomare – d’ici on l’aperçoit, ce phare, parallèle au lampadaire (vert, au presque premier plan) qui la nuit éclaire la placette où on vient admirer le panorama (belvedère ou point de vue remarquable ou miradouro) : à l’arrière plan, à l’arrière de la lanterna bien loin vers l’ouest se trouverait la limite du pays et de son voisin, on l’apercevrait par temps clair et imagination rêveuse au-delà de la pointe qu’on devine dans les ombres du fond de l’image

10. à cette limite, de ce côté-ci, Vintimiglia (Vintimille) d’où part un train qui rejoint Limone puis Turin, et traverse la vallée de la Roya dont on sait qu’elle détermine aussi un point de passage, lieu d’où Cédric Herrou aide les exilés à vivre, survivre, la France et où la honte de ce pays veut qu’on ne cesse de tenter de le condamner pour ce qui n’est qu’un secours minimum et que cet état considère comme un grave crime de lèse-nation et délit de solidarité

11. on pourrait imaginer que le soleil frappe toujours mais en hiver il peut arriver qu’il neige – les images de ce film, « la Boca del luppo » (la bouche du loup, et plus sûrement sa gueule) les turpitudes des marins, la chanson de je ne sais plus qui (ça va me revenir) « Cargo de nuit » (Axel Bauer) – il fait chaud, on mange des glaces, sur le port on voit d’ici quelques uns des mâts blancs et obliques qui soutiennent le toit de l’aquarium (la course à ces équipements celui de Monaco visité dans l’enfance, celui de Lisbonne, gigantesque, où parfois viennent dormir des classes de jeunes gens, celui de la porte Dorée en sous-sol)

12. au plan précédent celui du port et de ses porte-conteneurs immenses, le port de plaisance, des milliers de bateaux, voiliers, plutôt dans les blancs, les yachts des nababs ou des marins, des barques non de pêche cependant, la mer bleue toute la vie – à droite d’immenses ferrys ou bateaux de croisière qui iront stationner peut-être, après avoir parcouru l’Adriatique, une dizaine d’heures à Venise, de l’autre côté du pays (escales à Naples, Syracuse et Corfou)

13. on ne la voit que mal, mais elle est là entre le port et la ville, c’est en se penchant un peu qu’on l’apercevrait : une double voie pour l’auto traverse la cité d’est en ouest et l’inverse donc – une espèce de balafre sur ce qui serait un si doux visage – « des immeubles qui sont des diamants sur un fond d’or » en disait Cervantés – {sopraelevata} noire, d’acier, de bruit d’autos de camions de cars, effluves de leurs moteurs – l’intelligence ou l’honneur (difficile à déterminer) des autorités des « décideurs »comme ils aiment à se définir (on voit peu de femmes à ces postes, mais elles commencent, de nos jours, à y poindre) le pouvoir de ces gens donc leur a permis de baptiser cette route du nom d’Aldo Moro – on se souvient de lui – l’une des constructions les plus horribles de la ville – au plan symbolique, on comprend les relations qui unissent ici le nord et le sud du pays (il était de Bari)

14. (il ne fallait pas en faire quatorze, mais on s’en fout) (si Will est là, il aura comme moi outrepassé j’imagine) (je n’ai pas outrepassé d’ailleurs : il en manque un certain nombre dans le digest de Marcel Cohen, mais OSEF particulièrement aussi) ce n’est qu’une description, une image, une image simple et compliquée, une ville, une mer, un port – des gens : au premier plan, un couple visage flouté, lui est de face elle est près de lui mais de dos, tous deux regard caméra assis sur banc noir, en métal ; un autre couple de dos, plus âgé(la façon des vêtements qu’ils portent indique l’hiver) s’éloigne vers la barrière qui comporte un garde-fou mais aussi des tiges d’acier acéré pour dissuader de monter sur la plate-forme par ce chemin interdit ; droite cadre, assis, lisant un journal (le Courrier du Soir, ou la République)les coudes aux genoux, il tient à deux mains le canard ouvert devant lui, un type qui porte un imperméable mastic, un pantalon noir, des mocassins (italiens de facture, sans doute) ce pourrait être moi (j’aime à le (sa)voir)

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5 Comments

    … Pas compris grand-chose mais je ne suis pas chef d’atelier. 🙂

  • viens de le lire (j’ai commencé par vous puisque dernier publié et que je venais voir si je l’étais – faut dire que ne me suis acquittée qu’en fin de matinée) – et de rêver de Gênes (le beau et le moins beau)

  • @Dominique Hasselmann : il te faudrait écouter la consigne…
    @brigetoun : on lira le votre bientôt…

    Merci de passer…

  • @PdB : sans doute !

    Mais je trouve qu’en ce moment il y a tellement d’injonctions (même reçues du gouvernement directement sur mon smartphone !) que je n’y ai pas pensé…

    Je ne doute pas qu’une certaine liberté soit laissée dans la rédaction.

    Bonne « réacclimatation » à la vie parisienne toujours plus riante et dansante ! 😉

  • @Dominique Hasselmann : oui,reçue aussi (c’est mignon, gentil, et attentionné) (nous sommes plus de deux cents millions à avoir téléchargé l’application d’O, comme tu sais)