Pendant le weekend

photos salles de lecture exposition

Nous sommes allés voir cette exposition.

Y avait-il trop de monde, ne trouvions-nous plus nos cartes, affaires, sous, ou notre patience a-t-elle eu quelque limite ? Toujours est-il qu’une autre exposition a attiré l’attention.

Quatorze photographes, une seule femme. Ce n’est pas une critique, mais un constat.  Les photographies sont magnifiques, sans doute pas toutes, mais pour la plupart, on découvre certaines villes de France,

ou d’ailleurs, certaines personnes de ce pays,

certains textes aussi, de présentation.

Il faudra y retourner,

noter la vérité des personnes qui ont réalisé ces photos, mais pendant le week end, on a tendance aussi – même si on sait qu’il y a des choses à faire pour ici- à laisser de côté ce qui se passe la semaine (les proches qui meurent, les opérations en clinique, les hôpitaux et les maladies incurables, le reste du monde, les cris, les agressions, la vieillesse, ou les non-dit- ce sont peut-être les plus ignobles hypocrisies- : notre monde est-il ainsi fait que ces jours-là on puisse enfin penser à autre chose ?).

Il y a bien au ciel quelques nuages qui passent; parfois j’ai tendance à y trouver quelques amoncellements, je me dis que mon travail est précaire, que la vie est courte et qu’il faut la vivre, que les enfants grandissent (on souhaite un bon anniversaire à ta fille KMS)(je fais tourner ce morceau de Bill Evans tout en écrivant, alors merci aussi pour lui) et que seul compte le présent.

Mais non.

Hier on manifestait.

Demain, il en sera de même.

On regarde, on se promène. Les perspectives de cette bibliothèques, froides et droites, le froid de ce dimanche, les globes de Coronelli…

Lieu de savoirs, de lectures, de recherches virtuelles. Lieu dédié à l’intelligence.

Quelle différence entre ici et ce qui, à longueur de journaux télévisés ou papier est asséné et asséné encore…

Ici, disait l’autre, quand il y a une grève, on ne la voit pas (entendre : « mes amis n’en entendent pas parler ») : on maquillera les chiffres, on leur fera dire ce qu’on voudra qu’ils disent.

Il y a quelques semaines, le travail s’était un peu ralenti. Le revoilà qui fonce. Tant mieux ? Sans doute, il faut y aller… Les jeunes, dans les rues, s’autodéterminent (j’adore ce mot : c’est mon enfance qui se rappelle, je ne savais pas ce qu’on voulait dire, l’autodétermination, Patrice Lumumba et le Katanga, les assassinats, Ben Barka, Bourguiba, les coups tordus, le Raïs, Tito, Bandung… les culottes courtes, le soleil mais le froid, la neige… la littérature). Ils travaillent et ils s’aiment, ils rient et se moquent de vous, petits marquis et petits présidents.

En sortant, le froid nous a pris. Au loin, les cheminées de la centrale d’Ivry, de Vitry ou de je ne sais plus où

faisaient la ville comme un bateau immense qui sur la mer du monde bouge, tangue, mais sait bien où il va.

 

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2 Comments

    […] Niet!). Si on traverse cette passerelle qu’on a nommé du nom du Castor, on parvient à cette bibliothèque venteuse en ses entrées (comme la faculté de Jussieu, exactement : rien n’a changé donc, pour les […]

  • […] J’avais ce sentiment en pensant à cette exposition des photos de Raymond Depardon : il n’y figurerait donc que peu de monde, de gens… Une première tentative pour la voir avait été avortée. Nous en avions vu pourtant une autre. […]