Pendant le weekend

Oublier Paris #30

On traverse le Louvre, par ses guichets d’abord, la pyramide laissée à sa droite

traverser la rue de Rivoli, chez elle, c’était à gauche, longer l’hôtel de luxe, prendre pied place Colette : ici une vieille femme vendait des bouquets de violettes, elle avait une carriole de marchand de quatre saisons et un bonnet tricoté sur la tête, gris, elle portait un tablier sur son manteau, je sortais du métro (j’y chantais), ma boîte de guitare au bras, la saluais et allais échanger ma monnaie au café « la comédie ». C’est que le théâtre est là, comédie, on entre, les portes sont ouvertes, française, le tissu rouge (satin velours) omniprésent, on entre, une table des prospectus d’un luxe inouï, des bustes

le nom du sculpteur, une rue l’honore au fond du dix neuvième, une piscine, on monte vers la place du Rhin et Danube, on prend le document où on trouvera les portraits (sur fond rouge, comme il se doit probablement, satin velours) des sociétaires (37) affublés d’ustensiles, des pensionnaires (22) eux aussi affublés (comme c’est joyeux), une administratrice générale (1) pour elle , rien (rien?); parcourant le programme, on découvrira la saison, les textes, les auteurs les metteurs en scène : pas un mot des prolos, rien sur les silhouettes, manoeuvres, mousquetaires ou hallebardiers, régisseurs, machinistes ou costumiers, petites mains repasseuses ou  couturières, rien (j’en oublie) : le théâtre, ah oui,les tarifs, probablement, les mécènes certes, « fondateurs », « soutiens marchands » oui, luxueuse brochure, luxueuse salle, luxueux textes, luxueux tarifs, on vend des places au « petit bureau » une heure avant le lever de rideau, un folklore probablement, des comédiens ? La chanson d’Aznavour, « une histoire un peu triste où tout s’arrange à la fin », une seule envie, sortir et prendre la rue.

De Richelieu.

Au 61 :

au 67 je me souviens des bureaux d’une entreprise d’enquête où je travaillais voilà plus de trente ans, le petit square, remontant la rue, on traverse celle du 4 septembre, une sorte de quartier d’affaires, la Bourse, on avance

dans la rue, on travaille (cette photo, je la donnerai bien pour la todo liste de Christine Jeanney), il faut continuer pour arriver au croisement des boulevards, Richelieu Drouot (à ce coin, au premier étage on pouvait trouver alors une annexe du restaurant Chartier). Plus loin, on est dans le neuvième. Alors le théâtre en bas de cette rue, hier feuilletant un livre chez toi, cette photo

Roberto Rossellini et Jean Renoir entourant Henri Langlois – comme on aime savoir qu’il naquit à Smyrne (la photo est de Man Ray)- , et je me dis le cinéma, la place à 10 euros de nos jours, les fauteuils eux aussi rouges (velours ou satin) et des artistes aussi ignorés, la place un « nickel » voilà cent dix ans, peut-être, l’invention des frères Lumière, le Grand Café, le train dans la gare de la Ciotat, bizarrement cette brochure comme celle de la Cinémathèque aujourd’hui, un goût de frelaté, un odeur nauséabonde, des couleurs des informations, des mécènes et des illusions, personne ne vous oblige, mais c’est gratuit, oui, c’est gratuit, le luxe, là

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4 Comments

    mon amie la marchande de violette, merci de me la rappeler

  • enfin violettes c’est mieux, et en remontant la rue, avant de penser à La Ciotat, on arrive à ce qui était mon bureau, à côté du département audiovisuel (je crois, longtemps il y a) de la BNF

  • Place Colette : mais c’est tout près de mes jardins ! 😉

  • @brigetoun : vous vous souvenez d’elle aussi, alors ?
    @ Nicolas Bleusher ; oui, juste là, un peu sur la droite…