Pendant le weekend

Oublier Paris #35

C’est ce qu’on peut entendre dans les rues, ces jours-ci, par ici : « c’est l’année du dragon d’eau ». Je ne savais pas qu’il en était d’eau, de terre, de feu, d’air aussi pourquoi pas, mais je veux bien y croire, pourquoi pas, j’ai bien cru au père Noël… On entend aussi pétards et cymbales, tambours et tambourins, on s’affiche, on s’affuble, on défile et on avance…

On passe.

Hier en bleu,

(allez savoir pourquoi, j’ai une haine pour les uniformes) aujourd’hui en noir

en jaune, on fait péter les pétards, devant quelques boutiques : il y a certainement là quelque chose que j’ignore, je vais me renseigner, quelque chose du rite, quelque chose du commerce sans doute de la superstition, un type passe avec un cageot de mandarines, un autre avec un sac en plastique noir, dans lequel quelques guirlandes comme celle-ci

mise à feu devant le magasin de chaussures (comme on voit je ne suis pas le seul à photographier), puis départ vers un autre, ribambelle, les gens sourient (en même temps, ces temps-ci j’écoute, plus ou moins en boucle « Maldito tango » de et par Melingo), on se bouche les oreilles

c’est déjà fini… L’année dernière, les pétards se terminaient par deux autres, plus puissants, aujourd’hui, il en est différemment, rite, je ne sais pas, c’est juste là, dans la rue du faubourg, l’année recommence, il ne pleut pas, les jours allongent, et les noirs et les arabes ?

Il y a le ramadan, mais ils jeûnent et on ne les voit guère… Cette année ce sera en juillet août si je comprends bien… Les juifs quant à eux ferment les boutiques pour Kippour c’est plutôt en septembre, le quinze août est férié chez les adorateurs de Marie, le premier janvier dans une république laïque, le premier mai est chômé, le muguet, les chinois ici, la fête du Têt je me souviens de l’offensive, dans les années soixante probablement Hô Chi Minh, je me souviens de mon amie Maya la cinéaste, je me souviens

Puisqu’on nous le dit, le Dragon d’eau, c’est le meilleur… On attend, on ne sait pas, les gens rient, se bouchent les oreilles ou les yeux, on pense à soi sans se soucier du reste du monde, on fait claquer des pétards devant certains magasins qui l’ont demandé, probablement, un rite, une superstition, une façon de montrer qu’on participe (la fiction, là, maintenant, la mafia et « l’Année du Dragon » de Michaël Cimino, avec Mickey Rourke et cette boucherie finale…), on pose quelques mandarines sur le rebord de cette fenêtre, « comment mais vous faites réveillon aussi ? » demandait tout à l’heure un type à un autre, « ben oui, hein, comme vous… »

Comme nous, comme eux… Il fait bon, sur Terre ?

de ma fenêtre en juin

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2 Comments

    Il serait temps (avant le 6 mai) que le sieur Guéant interdise ce genre de manifestations insupportables qui font sentir aux bons Français qu’ils ne sont plus chez eux, envahis non seulement par les marchandises made in China mais par une multitude étrangère sans complexes venue importer ses traditions ridicules et son bastringue exotique qui casse les oreilles !

    (Attention : humour, ironie et distanciation d’avec les discours xénophobes ambiants au sein du gouvernement en sursis.)

  • MAIS QUE FAIT LA POLICE ??? (même parenthèse)