Pendant le weekend

Sur le bureau #10

Je n’y pense pas, ces billets m’indisposent parfois, alors autant, comme pour les photographies, faire toujours les mêmes.

 Bataille du 20 07 12

Toujours différents.

Toujours semblables.

De plus loin 19 07 12

Je regarde par la fenêtre, c’est que je domine le monde de mon cinquième étage avec ascenseur. J’y vois une rue où ne passent que de rares véhicules, toujours les flics au pas, quatre dans une voiture tricolore, les jeunes qui crient « pue, pue » , je croise de plus en plus de jeunes femmes voilées du crâne aux pieds, je retrouve le monde mes jeunes années, le ciel bleu est

de nouveau sur Paris (rappelle toi, il y a deux ans, le volcan), il y fait chaud et les voitures sont moins nombreuses. Le long du boulevard, des marchands ambulants ne cessent  de vendre des crêpes épaisses, des pains de semoule, des bouteilles de fanta ou de grenadine, on attend que le soleil se couche tout à l’heure ils disaient « c’est l’heure ou c’est pas l’heure ? », une sorte de réminiscence de ce temps

où, sur l’avenue du Théâtre Romain, ma mère garait sa quatre chevaux, sa Dauphine rouge où elle prenait le café avec la sienne, de mère, quelques arbres chétifs, et le pont du Tunis La Goulette La Marsa et la mer bleue, toute la vie toute la vie, oh Suzy…

Bataille 15 07 12

Il y a cette histoire à écrire (j’ai, tout à l’heure, pensé à ce texte en lisant la disparition décrite par l’Employée aux Ecritures de cette pharmacie de la rue Soufflot- la rue Soufflot, pour moi, tient du ministre des affaires étrangères actuel, de celui qui le fit premier ministre, des roses qu’il tenait dans ses mains en allant au Panthéon voilà plus de trente ans, mais peu importe), j’y pense parfois. Il m’arrive de rester allongé et de penser à elle, de penser à la/sa mort, ces temps-ci, certes, ils s’en sont allés, je poserai un jour une photo d’une photo de Y. ainsi qu’il m’apparaissait, je garderai en mémoire bien qu’elle s’efface son sourire et sa manière de dessiner les petits oiseaux, tout comme restera

ma mère assise sur le petit fauteuil de sa chambre, coincé dans un coin, les mains ouvertes sur les jambes allongées, ses pleurs, même si ce furent ses rires qui m’ont donné le goût et le sens de l’humour, par exemple cette façon de jeter une savate sur l’écran de télévision lorsqu’y apparaissait un de ces cyborgs (Drucker, Tchernia, Lepers, ou Pivot), cette façon d’aimer Chirac ou De Gaulle (mais c’était bien avant), ou encore cette désolation qui s’empara du foyer lorsqu’en, novembre soixante trois on tua le président des Etats-Unis de quelque balle en pleine tête. Dallas, ton univers impitoyable…  et Jacky qui se précipite, ces images-là, la mémoire les gardera, comme celle où Jack Ruby (il me semble) enfonce dans le ventre du tueur Lee Harvey Oswald son pistolet et tire…

Il s’agirait de cette jeunesse-là.

Il s’agirait de ce territoire, une ville de province (en région dit-on), petite, « capitale » avec cette place de la gare

dessinée par un architecte de renom dont j’entendais la voix lors de la « 602° et dernière » émission de Métropolitain, cette émission où l’animateur dit des textes, parfois de chansons, en ouverture, dès la première fois, j’ai adoré ça, la radio

c’est ainsi, il y avait sur la cheminée du boulevard Jourdan, au cinquième étage qui dominait la porte, celle d’Orléans, sur cette cheminée, une panthère noire, bronze offert au grand père assassiné en février quarante quatre, convoi soixante sept, le trois février exactement dit le site. Il y avait les fauteuils dans lesquels le recevait mon autre grand-père. Il y avait toute cette symbolique agissante qui reste encore comme sur les murs,

ou les ronds-points, Denfert-Rochereau, boulevard Raspail et rue du Bac, la gare d’Orsay qui n’était pas un musée, le jardin des Tuileries qui n’accueillait pas de foire ni de grande roue, il s’agirait de Paris et des autobus à plate forme, Raymond Queneau et ses exercices de style, il y aurait là le faubourg Saint-Germain de la duchesse de Langeais, le quai Voltaire de Marcel Proust, la rue Jules verne de « l’Equipée Malaise » de Jean Echenoz et toutes sortes d’autres réminiscences pour expliquer que ma mère ne voulait pas lire, et qu’à présent, puisqu’elle s’en est allée, qu’elle a disparu probablement très loin de tout, dans un  grand trou, il ne me reste donc plus qu’à écrire…


Share

2 Comments

    il s’agirait d’aimer sa ville (la même mais pas la même) même si perdue, d’aimer ceci, d’aimer se souvenir de Métropolitain

  • Des histoires pas faciles à écrire, pas faciles du tout