Pendant le weekend

Vase Communicant #51

C’est avec un plaisir renouvelé que pendant le week-end reçoit Franck Queyraud, qui a la gentillesse d’accueillir Piero Cohen-Hadria, sur son site Flânerie quotidienne, pour ce vase communicant d’octobre 2014.

 

Continuer, continuer, ne pas cesser, ne pas cesser…

 

FRancki 10:14Photographie de FloH

 

Continuer, continuer, ne pas cesser, ne pas cesser… tant que respirer, respirer, battre la chamade, espérer, non ! Pas le verbe espérer – espérer, c’est le truc, le machin, le bidule de ceux qui croient que leur dieu, c’est le seul dieu, ceux-là qui sont aussi des humains, ils sont capables de te tuer juste pour avoir raison et t’enfoncer dans ton crâne d’apostat ou pire, horreur, d’athée, que leur dieu, c’est le seul dieu… non continuer, continuer, ne pas cesser, ne pas cesser… de dire… mais est-ce suffisant ? Non, continuer, continuer, ne pas cesser, ne pas cesser de croire, mais ce verbe croire, ce n’est pas non plus le même verbe croire que celui employé par ces fous de dieux qui veulent te trucider parce que tu ne révères pas le même bidule dans le ciel qu’eux.

J’ai jamais cru je suis cuit… j’ai mis quelque part en ligne, un jour cette profession de foi – de foi ? Non, plutôt cette boutade, on peut toujours tenter de penser que l’humour pourrait apaiser… que le rire pourrait… mais… Les mots, on peut leur faire dire ce que l’on veut… Un jour, un de ceux qui fait profession de t’inculquer la foi dans ton crâne d’incrédule congénital, t’a dit: ben non, t’es pas cuit, Francki, faut pas écrire cela, Francki… Il ne m’a pas appelé Francki, bien sûr… A continué : tout n’est pas foutu. Lui ai répondu gentiment… il n’a pas bien compris… ma plaisanterie, qui n’en est peut-être pas une, après tout… nous ne sommes pas du même monde simplement, et pourtant si, nous sommes du même monde, ces fous de dieux, ils ne veulent pas qu’on les oublie, ces fous de dieux, de dieu avec un x à la fin, ceux qui te décapitent, ceux qui te lacèrent les viscères, te brûlent ou te jettent des pierres, ça dure depuis des siècles, ça ne progresse pas, et surtout quand tu es une femme.

La femme c’est ce qu’ils détestent tous, ces fous de dieux, c’est leur point commun : haïr tout ce qui représente la vie, la joie, le jour, la contradiction… Ils détestent jusqu’au vent dans les cheveux des femmes. Cinglés, je vous dis… J’ai jamais cru je suis cuit. Je cuirai en enfer… poussière redeviendrai… m’envolerai dans le vent, survolerai les plaines et les océans… quelques poussières de moi auront peut-être la chance de se poser dans la chevelure d’une femme, un bref instant…. La modestie et l’humilité ne les étouffera jamais, ces fous de dieux… c’est un autre de leur point commun… leur orgueil immense, celui de se comparer à ce grand machin dans le ciel, assis sur son fauteuil géant…

On pourrait croire que tout cela, c’est des histoires pour les enfants… ça pourrait être beau… ces histoires de petits angelots… verts, blancs, noirs, bleus… peu importe la couleur, peu importe la religion, ça pourrait être plein d’espoir… comme un arc-en-ciel et je pourrai même accepter leur forme d’espoir, si malheureusement, le terre-à-terre ne leur collait pas à la peau, si malheureusement, ils ne décapitaient pas des passants qui ne faisaient que passer…

Continuer, continuer, ne pas cesser, ne pas cesser… de dire…

Silence.

 

Texte : Franck Queyraud, photo : FloH.

 

La liste des autres Vases communicants se trouve ici, réunie par la toujours efficace et attentive Brigitte Célérier. Qu’elle en soit ici remerciée. On peut aussi prendre contact, rendez-vous, date ou des nouvelles sur la page facebook des vases communicants.

 

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