Pendant le weekend

Île Ronde

 

Voilà un moment (je n’ai pas daté, cependant, le don du livre, et les  dédicaces données par l’auteur et ses deux amis réunis chez moi, pour un projet commun) que je veux faire ce billet. Tout moment est bien choisi pour en parler : j’ai fait tourner « Guia » Antonio Zambujo chante que « l’amour est inutile, c’est seulement lumière des étoiles/ Quand on sent sa chaleur, bientôt il décline… »  c’est bien un fadiste comme on les aime, c’est bien ce qu’on peut ressentir en suivant, dans son journal de l’intranquillité, ce Fernando Pessoa qu’on aime aussi,  ce n’est pas tout et ce n’est pas simplement conjonction, c’est que l’esprit du rédacteur (c’est moi) a quelque chose à voir (ou dire) avec l’une des héroïnes de ce joli livre (il s’agit de « Île ronde déchirure/tempête » texte Anne Savelli; Contre voix Joachim Séné; photographies Arnaud de la Cotte et Anne; couverture Mathilde Roux).

Il y aurait une fois un lac, une île, une forêt. Un rocher. Un tribunal. Un géant, une jeune fille, un avion et le reste des éléments, la terre comme l’eau, le feu (ce n’est pas sûr, mais il doit bien couver quelque part), et évidemment l’air. Et Dita.

Cette femme, presque une jeune fille, qui avance en forêt et qui n’a pas peur (je pèse mes mots, c’est forcé, ces trucs-là sont parfois traitres, certes, mais aussi, souvent, plus souvent, lourds de sens et d’implication), cette héroïne donc, c’est Dita Kepler (c’est la jeune fille mais c’est Dita Kepler : la mathématique et sa soeur, la géométrie le veulent ensemble, jamais les parallèles ne se rejoignent, mais de concert, elles cheminent. Donc.). Elle passe, ici, là, ailleurs, elle ne sait trop elle-même dans quel contexte elle se retrouvera, aujourd’hui, demain. Instituant ce qui pourrait s’intituler, dans toute la vulgarité du monde contemporain, un « coming out », je peux le dire car tout en attesterait : Dita Kepler, c’est moi (je passe ici, ailleurs, là, je ne sais trop… demain?).

Tout un chacun peut, de la même manière s’emparer d’elle, certes, je le reconnais, et je la reconnais : je la vois assez fréquemment, c’est un personnage de fiction, tu sais bien, ou alors d’un jeu (on le dit « en ligne » mais ces mots-là trahissent une réalité qui n’existe pas : la ligne, quelle ligne ? celle, générale, dont nous parlait un cinéaste Eisenstein ? celle, rouge, dont parlait un autre ? Le jeu « en ligne », tu parles) (cause toujours). Dans le texte, des noms de lieux.

1 grand lieu

J’y suis allé voir,en ligne, comme on dit donc, j’ai cherché, rien trouvé de très flagrant de la présence ici de Dita.

3 grand lieu

Le satellite en tout cas ne parvient à rien : il y a certainement une « réserve naturelle » dite « de Grand Lieu » mais de lac, point. (Moi même, timide , je partage cette réserve naturelle, tu sais). On cherche, on ne trouve guère, parfois, une remarque ici

2 grand lieu

le « grand lieu » existe, sans doute; j’ai cherché non pas à retrouver quelqu’un ou quelqu’une, mais à m’emparer un peu de ce texte (je l’ai lu, j’ai aimé les monologues – celui du Géant, celui de Dita évidemment, celui de la jeune fille), et j’ai quand même essayé de voir, après tout il s’agit bien d’un voyage de l’auteur quelque part, où pouvait bien mener ces diverses pérégrinations (je n’emploie pas pélerinage, mais enfin, ça en a quelque chose). Je suis arrivé tout de même à cette « planète sauvage »

4 bouayes planète sauvage

6 kilomètres, par là, de très bon aloi, j’ai suivi, cherché des chasseurs (car ils sont dans le livre), trouvé ces trois là (il y a là un enfant, je pense qu’il a quelque chose à voir avec ma recherche, une maison neuve, une auto qui ne l’est pas moins je pense, peut-être ressent-on le froid ? la lumière qui rase, nous dira-t-elle l’hiver ?)

6 grand lieu

nous sommes ici à Grand Lieu, je crois comprendre, mais très profondément, durant tout le texte, géant ou pas, avion, lac, île ou forêt, il est difficile de savoir si, oui ou non, on se trouve vraiment quelque part. C’est à dire que le monde du texte m’est apparu (chacun, comme il l’entend, peut lire et s’approprier ce qu’il veut, c’est entendu) au travers de ces recherches (inutiles, ces recherches, tout comme l’amour de la chanson, tu vois), ce monde m’est apparu suivant ce qu’en a capturé cette machine, quelque chose d’irréel, de virtuel, de différent (ici, une maison : il m’a semblé voir quelque chose qui m’aurait inspiré)

7 bouaye

elle se situe à Bouayes, c’est un lieu aussi, elle a quelque chose de la résidence de plain pied de quelque notable, ou je me trompe ? il y avait là, suivant les moments des prises de vue, quelque chose ici avec le ciel plombé, quelque chose de la fiction : Dita Kepler ? J’ai recherché ailleurs, regardé ces rues croisées, ici c’est en été

8 bouaye garçon

le garçon regarde passer une voiture au loin, il parlait avec le conducteur, la voiture est passé, le cliché l’a capturé, il est là mouvements suspendus, et puis comme je ne trouvais rien, j’ai pris du recul je ne connais pas cette région de France, je me suis rendu compte de la proximité avec le fleuve, y allant voir

5 nantes

l’ampleur et la largesse, la petite drague reliée au bateau-mère, le bleu du ciel et au loin, la ville (c’est Nantes : il n’y pleut pas, je n’avais pas de rendez-vous rue de la Grange aux Loups, non) (et pourtant combien j’aime ses chansons, à cette Barbara), là-bas au loin l’océan sans doute, là-bas au loin…

J’ai décidé de n’y point retourner : depuis le temps que je dois, en ligne , poser ce billet, pourquoi pas aujourd’hui, dimanche 11 janvier, vers quatorze heures, avant de m’en aller battre le pavé (comme on dit du fer, quand il est chaud). Le moment d’avant, j’étais à la boulangerie (il y en a trois dans la rue, toutes les trois tenues par des arabo-andalous, des musulmans tout aussi bien, qui en a quelque chose à faire, de la religion qu’ils peuvent pratiquer ? En tout cas, pas moi : tout comme moi, ils sont nés en Tunisie, et ils sont là à préparer produire et vendre le pain des Français comme disait Fernand Raynaud) : la femme du boulanger porte un voile dans lequel elle coince son téléphone, et elle parle tout en servant, parfois – drôle de gonzesse, mais je l’aime bien et on discute de la température extérieure, souvent, pas aujourd’hui, elle m’a dit « c’est grave », en haussant les sourcils, je lui ai dit oui, mais n’importe fait beau et on va aller marcher quand même, elle m’a dit « non, moi je n’y vais pas, j’ai peur », je lui ai souri et je lui ai dit que comme j’y allais, je la représenterai, j’ai pris ma baguette (,90 si tu veux savoir) elle m’a dit « ah merci, merci aïcheuk » parfois je comprends l’arabe (barakalaoufik) je suis rentré chez moi, il y avait là du soleil, j’ai fait tourner le fado…

Une chose encore, quand même, le livre est édité chez joca seria.

joca seria

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2 Comments

    « De battre le pavé mon cœur s’est arrêté »… je me souviens de ce slogan (la manif allait de République à Bastille), hier le fer était au chaud comme l’amitié et la solidarité.

    Belle excursion à partir du livre d’Anne Savelli…

  • Le slogan est (aussi ? sans le pavé…) le titre d’un film de Jacques Audiard il me semble (je ne l’ai pas vu) mais il me fait penser à cet autre titre « Je règle mon pas sur le pas de mon père » (c’est sans rapport) (hier j’ai fait république père-lachaise seulement) (merci du passage)