Pendant le weekend

le petit alphabet illustré (5)

 

 

Il se trouve derrière le bureau, alors que je prends cette photo de sa tranche racommodée de fort gaffeur noir (le bleu, bord cadre en bas, c’est le Tage)

dico biblio

je reçois une lettre recommandée accusé de réception qui indique « compte tenu de ces éléments, votre offre n’a pas été retenue » (je suis deuxième sur… deux) (cette prose abjecte de technocrate de maçon) je reste là, je regarde les choses cesser, il y a sur la platine Robert Charlebois qui chante avec Louise Forestier le « Lindbergh » des années « Campus », et je continue

a comme alpinisme

on a opté pour des minuscules, sur un fond blanc page, illustration découpée sur le chemin des deux hommes qui escaladent le Mont Blanc (comme une légende) et on remarque (évidemment) que la photo est à présent signée (Phot. P.Koch-Rapho) (des trucs qui se glissent dans les affaires, on dirait des mites, des déchets, l’italique pourquoi ? le « ographie » est sans doute obscène, enfin quelque chose de différent de vingt ans plus tôt, je n’ai pas regardé, mais je manque de la page de garde, je ne tiens que la dernière ici

dernière page livre 2

« édition 1982 » dit le bas de page, déposée au deuxième tri/semestre quatre vingt,  je regarde les gens et le monde, mes souvenirs de crâne d’oeuf désormais sous la coupole, ses bijoux diamantés bokassiens, ses avions renifleurs : souviens-toi, le « a » était en soixante et un majuscule, l’illustration en noir et blanc était caravelle) (les choses ont changé)

b comme ballet

le « ballet : Golestan de Maurice Béjart »(on reconnait le travail graphique du bras droit de l’homme en jupe torse nu du premier plan qui suit la découpe – (c’est plutôt elle qui suit le bras, mais n’importe)  la musique a changé, j’ai posé Antonio Zambujo, j’ai regardé par la fenêtre passer les nuages comme à Lisbonne, une de mes larmes s’est épandue sur mon gilet de laine, personne n’a jamais péri d’une telle goutte), je suis allé chercher (c’est ce que j’aime aussi, là) il se trouve que ce ballet a été créé à Persépolis en 1973 (du temps du chah, de Farah Diba, probablement, toute ma jeunesse alors se termine, se clôt, se délite), Golestan est une province d’Iran, jouxtant la mer Caspienne et la Turquie (« l’Usage du Monde » de Nicolas Bouvier, passe au sud…)

c comme caravane

je crois que c’est ma préférée, celle de la « caravane au Pamir » (on a oublié le « phot. » : à présent, on sait) (ils s’y sont mis à deux quand même pour la faire) j’ai rosi le sable, le Pamir tadjik, kirghize, afghan chinois (c’est le moins exotique), les bêtes avancent et suis-je le chien qui aboie à leur passage ? je ne crois pas, le bleu et le vert qu’on voit en haut bord cadre sont du tapis devant la fenêtre, j’ai dans l’idée ce film « Oeil pour oeil » (André Cayatte -ah punaize,pas lui… si !- 1957) avec le blond Curd Jürgens (photo Christian Matras quand même remarque) les choses évoquent mourir dans le désert alors, passer

d comme digue

la construction d’une digue en Hollande, les polders, Antonio chante « Em quatro luas », « je ne regrette pas cette tristesse, au contraire j’aime le bonheur que par toi, j’ai aperçu« , me dit-il, ah oui

e comme éléphant

ressent-on la différence d’avec le noir et blanc, d’avec la technique, des éléphants d’Afrique, des images d’Asie, des découpes et des minuscules

f comme flottage

ces bois qui flottent du côté de Vancouver (le détroit de Béring qui va du Pacifique à l’Arctique, skkyline au fond comme si on cherche on verra la Russie la pointe avancée de l’Asie, les îles Kouriles et tout ce bataclan tellement étranger)

g comme glacier

à nouveau la montagne ? Oui, en Suisse, dans le Valais, Aletsch, ce genre de truc qui a tendance à m’évoquer Davos (un musée des horreurs : là où un chalet abrite les amours de stars, là où se réunissent les puissants de ce monde, le toit du ciel en Europe, tout le bataclan je te dis) (ici la photo n’est que d’agence)

h comme hockey

(je reconnais : elle est manquée, mais le vent, tu vois) (mais je la laisse, je l’aime bien) le hockey sur glace (ni attribué à un photographe -ou même une- non plus qu’à quelque agence) le sport du Canada et de la Russie, on voit comme les choses vont la glace et le glacier (je me souviens de la patinoire qui luisait sous la piscine, derrière la maison de la culture, je me souviens des gants qu’on avait à porter, de la minute de vitesse, de la glace qui au freinage fait comme si elle sortait des lames des patins, je me souviens des années soixante)

i comme iguanes

des iguanes, je ne le crois pas mais non retrouver l’ibis ce dessin comme en soixante et un, non, rien d’extraordinaire, (en 61, le « I » était tenu, majuscule, par l’île d’If et son château) mais des rapprochements comme au « j » (cependant la ménagerie de cette édition est, tout de même, patente et en charge un peu le sens)

j comme jardin

comme les iguanes qui se trouvent quelque part, sans doute, comme ce jardin, lui aussi, nettement moins « à la française » mais quelque part, inutile de dire où, ça ne sert à rien, on s’en fout pour tout dire, tout comme du photographe, ici ou là, non l’important est aux couleurs à n’en pas douter

k comme kangourou

ah oui, australe sans doute, la poche, la course, la boxe comme le lama évoquerait le capitaine Haddock, le « k » illustré de cette bestiole antipathique (ah non ? Pas antipathique ? si un peu malgré le petit dans la poche) de l’ordre des marsupiaux, c’est joli

l comme lac

le lac Verdet, dans les Alpes (Savoie si tu savais pas) (ce qui nous indique une troisième fois la montagne, comme on a eu, par quatre fois, recours au bestiaire, la nature, la nature… quelle culture)

m comme mine

et pour finir, à ciel ouvert, on y trouve le minerai de fer, en Mauritanie (en Afrique, indépendante de 1960, république islamique, jouxtant Maroc Mali et Sénégal au nord l’Algérie, le désert à l’est) je cherche une image du satellite pour l’illustrer, je regarde Zouerate, des grèves, les morts de 1968 et le monde…

 

La suite dans deux jours, « si dieu veut » comme disait ma grand-mère.

 

Share

3 Comments

    La photo de la caravane : on a l’impression qu’ils gravissent (ou grévissent) la page…

    Belle excursion, en tout cas, et pas minuscule !

  • belle excursion, oui, mais englobant tout ce qui est dans celui qui regarde

  • @ brigetoun : content d’être suivi en tout cas…
    @ Dominique Hasselmann : j’ai pensé à cette excursion écoutant ça … déjà proposé par le Chase-Clou, il me semble…
    merci du passage