Pendant le weekend

Carnet de voyage(s) #89

 

 

on finirait par repartir, il serait tôt le matin, on irait à nouveau saluer la mer (elle est intérieure en cet endroit, elle nous est tout intérieure, bleue, calme tranquille) le soleil brillerait heureusement, au loin, les montagnes du continent, et encore plus loin, nous verrions

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le port la nuit, – américaine on dirait mais non -, on retournerait vers la petite ville, le bac  s’en irait, les gens seraient là accoudés « regarde là… des anchois, un banc d’argent… »

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ou des méduses, je suis trop loin pour entendre, le bac file doucement vers Oropos

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(ici mon amie au foulard rouge) au loin la ville balnéaire, le matin (doublée, plus bleue, moins chaude)

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mais bien sûr, il faut toujours s’en aller, rentrer, soleil mer bleue toute la vie toute la vie ça peut durer quinze jours, mais ensuite, là bas, on nous hèle, on nous appelle, on nous demande – on nous oblige, on nous contraint, on nous ordonne – on doit travailler semble-t-il encore quelques années et au loin on tente d’apercevoir quelque chose comme une île, une sensation un arrêt une stase, ce sera pour quand on ne sait plus, plus on s’en approche et plus le mirage de nous s’éloigne, on reprend l’auto, je me souviens du dernier midi, j’avais été chercher du pain après le bain chapeau chaleur de plomb

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j’avais croisé ce néflier (j’imagine que ce sont des nèfles, je pense à Léo « en plein été manger des nèfles » mais dans quelle chanson ?

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(c’est « en plein hiver« , c’est « Le chien » et ça a tellement vieilli, la vacherie) il y a là au coin un hôtel qui devait faire restaurant mais arrêté depuis bien longtemps

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le nombre de commerces désaffectés, la route, j’y avance puis je reviens

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je croiserai cette maison rénovée

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le type repeint, la grille est neuve peinture dorée c’est à ne pas croire

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ce n’est pas seulement que ce soit laid, pas seulement, j’ai promis une photo de la porte finie, la voilà

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je ne sais pas, ce jardin au cordeau, ces plantes, peu importe il fait beau, il fait chaud, le type bosse

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ce matin il y avait des tomates

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on les transforme, le pain, l’huile d’olive, l’eau claire voilà à table

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le point est sur le parquet (le sol de la grande pièce), c’est ainsi mais tout cela se termine, des oignons rouges des concombres, des olives pourquoi pas, le soleil sur la campagne, cette merveille

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des oliviers, les rochers des montagnes, on est parti, on reviendra c’est certain -s’il peut y avoir quelque chose de certain – , il y a  ceux qui s’en vont par l’avion du matin – ils changent en Ukraine- et ceux de l’avion de midi -ils changent à Rome Fiumicino – ces transferts, ou alors c’est l’inverse, je ne sais plus mais voilà ce que je vais faire, des tarmacs, des tours de contrôle des ciels et des nuages, pourquoi changer, est-ce si loin ?

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il y avait cette chanson qui faisait « on serait seuls au monde »

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(j’ignore pourquoi ce ne sont que des chansons de merde qui viennent avec ces images) on a passé les contrôles

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on a montré ses papiers, ses sacs ses poches on a embarqué

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on s’envole, au dessus de la campagne non loin d’Athènes

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on s’en va, les beiges, les chaumes, les points d’oliviers sous le ciel, on vole ici un petit verre de soda ou un vague biscuit, on lit (je ne sais plus bien, peut-être un journal), l’heure n’est pas à la gaieté sauvage, non, bientôt sur la mer on verra au loin l’écume d’un bateau

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très loin, invisible, on laisse derrière soi l’oubli et le plaisir de vivre sans ennuis, on va les retrouver c’est à peu près certain, ils attendent ou pas d’ailleurs, suivent leurs cours, on les avait laissés dans un coin, à l’abri de quelque chose comme un vague voile, ici c’est l’Italie, Ostia ou quelque chose

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on se pose, les mêmes endroits et façons de vendre au prix le plus élevé des boissons, une part de pizza (prosecco pizza pour deux dix sept euros : tatouages – c’est l’Italie…-, certes, barbes de 4 jours, absolument mais gentillesse ? zéro…), on avance dans ce dédale, une sorte de labyrinthe pour gens aisés, on aimerait simplement regarder les avions (ici, celui qu’on avait emprunté)

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mais on teinte les vitres à présent dans ces centres commerciaux de transit les bien nommés

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regarder dehors, pourquoi faire ? autant se concentrer sur les offres, toujours les mêmes, ça s’appelait « free tax » ou hors-douane, je ne sais même plus, l’escale est obligatoire dans les vols à prix réduits mais sortir ? non mais et quoi d’autre ? et pour quoi faire ? Fumer ? Non mais et les précautions ? Et la santé publique ? Et le moment des états d’urgence, des contrôles, des vérifications ? Sortir, on aura tout entendu… On change on passe dans le labyrinthe on laisse quelques dizaines d’euros, le tourisme et sa masse, on pense aux immenses cathédrales des mers qui stationnent un jour à Venise, les milliers de bipèdes qui courent, suent, reviennent épuisés, chacun sa place et son balcon pour les plus aisés

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on a verdit les vitres – on pense à ces magasins de meubles à monter soi-même et bas coût – zeugme – installés en bordure des villes qui tous, dans le monde entier, offrent la même architecture : l’humanité et son capital… –

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les deux petits bonshommes qui vérifient, ici le « staff » d’un avion de la compagnie italienne (les filles portent des collants verdis, eux-aussi)

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cravates foulards gilets bibis chignons talons hauts hâles unités des couleurs images de marque… on attend, on embarque, on s’en retourne

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c’est Rome Fiumicino, adieu (il y avait cette chanson « Acropolis adieu » ah mais oui, Mireille Mathieu, mais oui), on survole et puis c’en est fini

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un verre de soda un biscuit plus tard, le plastique du hublot dégradé, voici Roissy

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un autobus, recommencer à comprendre le dialecte des autochtones, les mots qui ne disent rien, des gens qui ne s’embarrassent pas de politesse ou de gaieté, c’est ça on est de retour, on passe devant ceci

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une relique sans doute le dernier du nom, on est rentrés, il est huit heures du soir, c’est le début du mois d’août, les clés, le métro, les sacs, arrivée.

 

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4 Comments

    Photo du canot de sauvetage : presque un bleu Klein (impie)…

    Oui, le Concorde, comme un dinosaure (un vélociraptor, forcément).

    Très agréable flash-back sur ces vacances grecques alors qu’il fait gris aujourd’hui à Paris !

  • dommage que je ne puisse vous présenter mon père, il avait en lui l’eau et le soleil de la Méditerranée, l’amour des îles aussi, et de la côte d’Afrique sur Méditerranée, et les a promenés en ses veines sur tous les océans (sauf l’antarctique je crois)

  • @Dominique Hasselmann : et c’est le dernier épisode… Merci du passage
    @brigetoun : on se ressemble -je n’ai de lui connu que son ultime domicile, il me semble, entre la place et la rue Saint-Maur… Merci pour vos pensées.

  • ah quel bonheur de voler quelques heures avant d’attaquer la période dite des fêtes. C’est comme un salutaire flash back, une façon de boucler l’année sur un coup de bleu ! merci.
    marcelline