Pendant le weekend

Atelier 18.2 18

18. consigne : en 17 prises d’écriture, il y a forcément une phrase de vous qui vous a surpris, dérangé, étonné — résistive par sa syncope, sa couleur, voire sa maladresse apparente — alors partir de cette phrase, et elle seule, et la bégayer jusqu’à extraire son grain nu — la singularité même de ce qui émerge de voix, hors de vous et pourtant vous 

 

 

Violeta

Merci à la vie qui m’a tant donné – merci à la vie qui tant m’a donné – tant donné cette vie-là tant et tant de choses – merci à la vie merci à la douleur là au côté cette nuit j’ai rêvé que sur le côté – un cancer de quelque chose mais là je n’ai rien qu’un rein loin pourtant, merci à la vie pour tout ce qu’elle m’a donné sans jamais me le reprendre ma mémoire et des lieux et des noms, merci à la vie merci pour tout l’air respiré par mes bronches malades – merci pour tout l’attente dans le froid du médecin – merci à la vie pour tout tout tout – merci à la vie tu sais bien Violeta, elle était là et puis la voilà partie – elle ne parlait plus merci pour tout – merci à la vie et ses cheveux qu’elle n’avait plus merci pour tout ces pas sur l’avenue de la République à Nanterre – merci à la vie de m’avoir tant donné tant de choses tant de mots, elle chante elle chante merci à la vie qui m’a tant donné, merci à la vie merci tant et tant merci pour tout les roses de tu ne peux pas imaginer – celles que je lui portais en revenant du marché, les fleurs bleues

un doux parfum qu’on respire – merci à la vie pour tout ce qu’elle m’a donné et merci aussi pour cette disparition cette solution par le vide merci aussi pour les mots de passe merci pour tout – merci – à la vie merci – la musique la chanson merci à la joie et au plaisir, aux pleurs et aux sourires merci à la vie, merci tant et tant merci – marcher dans tes rues tôt le matin café chaud frais le pain et croissants soleil ou brume merci aux arbres et aux oiseaux Violeta où en êtes-vous où est-ce vraiment dites en quelque chose pour au moins qu’on sache qu’on ne s’attende pas à autre chose même si on sait, très bien et tout le monde, très bien on sait qu’il n’y a rien, rien d’autre que rien, la fin de deux mille un

merci à la vie et à ces écrans de cinéma ces films ces images et ces chansons – merci à la vie

Moondog qui se lamente comme un oiseau – la piaf qui pleure son Cerdan ou Johnny et son hallali – ou d’autres encore comme celui qui pensait à toi, Desnos qui partit de Compiègne comme un soir en dormant tu leur en fis récit merci à la vie la musique la chanson on n’en finirait pas et pourquoi en finir ? en finir, oui, un air tranquille et doux, merci à la vie pour ce qu’elle t’a donné, à toi Violeta, ne te précipite pas, on a le temps, on a le temps de voir, merci à la vie tant et tant de fois pourtant haïe et violée, violentée et meurtrie, merci à la vie là qui coule dans ces veines-là, les mains qui passent, et cette usure du regard merci à la vie, fixer ce point de sortie comme si ça avait une vraie réalité – ah ce n’était que ça, passez circulez, merci à la vie, merci, par ici la sortie, musique Violeta, paroles chansons Colette (ici avec Mireille de dos)

, cris et joies et embrassades, on n’en finirait pas mais non, avancer regarder devant soi le sourire d’un enfant, la joie de vivre dans cette chanson, danser voir lire boire rire et chanter merci à la vie, merci à la vie de tant avoir donné merci à la vie ce qui s’éveille dans le regard quand on voit qu’on a compris et été compris, ce qu’on ressent dans cette main qui se serre, merci à la vie, cette chaleur et aussi, aussi ce froid, là qui envahira tout, peu importe non ? merci à la vie à l’été à la chaleur, la mer le canal le vent et les feuilles qui bruissent merci à la vie

tant et tant pour ce qu’elle nous aide à voir et nous donne à penser merci à la vie merci merci

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1 Comment

    n’était vraiment pas facile (m’en suis tirée un peu par une pirouette , quoique pas vraiment-
    et là de nouveau j’ai le plaisir de découvrir puisque depuis hier aucune contribution n’a été mise e, ligne