Pendant le weekend

25 mai 1081

 

 

 

il y avait Higelin qui nous chantait « j’suis qu’un grain d’poussière » et il le répétait – on l’aime assez – sa descendance aussi – mais moins sans doute, c’est que le temps passe et que la projection s’étiole – rues et administration (tu sors ton chéquier s’il te plaît)

(pas celui de la société, tu comprends puisqu’elle commence à être liquidée) (429 lunid, 132 vendredi) (non mais sinon, ça va bien)

(on poireaute tranquillement – dix numéros à attendre – tandis qu’un fonctionnaire en tablier vindicte « ah vous voulez moins de fonctionnaires, eh ben voilà, faut attendre une demi-heure… c’est mieux que trois mois pas la poste, non ?  » il sort, on reste – sur le papier jaune est tautologiquement mentionné « roses de Mai ») attendre et patienter, s’en aller (au greffe, ce ne sera pas complet) dehors, croiser Elsa et Louis en marbre

penser aux vacances (s’en aller, partir et qu’est-ce que ça change sinon tout – le monde de la crème s’encanaille toujours, mais le milliard et demi d’indiens court au précipice, les trois cents et quelques millions d’étazuniens se satisfont plus ou moins de leur peroxydé et des chinois on ne sait rien) (fait beau sinon – croisé ceci (en spéciale dédicace à E., M. et A.) et aux courageux de l’acte vingt-huit (comme on dit)

quelques pivoines de la rue de Richelieu où longtemps j’ai travaillé – longtemps mais pour quoi ? – je retourne au chagrin – les questionnaires s’entassent – il faudra s’en saisir – plus tard croiser ces vitres aux montants dorés

bientôt un hôtel cinq ou six ou sept ou tant d’étoiles pour richissimes voleurs ou gagnants de ce monde – ici on conserve quand même le nom, on ne sait jamais ça peut servir –

du temps de la manche à Palais-Royal, les cordes qu’on allait acheter là – ce grand magasin vieillot à la Zola avec sa clientèle de mémères – on ne va pas pleurer non plus, Paris se transforme en pire, la puanteur des voitures et celle des milliardaires, les trottinettes des trentenaires qui foncent vers leur destin endiablé, les hôtels et les restaurants et  – tout cela tellement hors de prix – il y avait cette chanson du cinglé chantant qui faisait « un doux parfum qu’on respire » tu te souviens, « c’est fleur bleue »

 

au ciné Hier, aujourd’hui, demain (Vittorio De Sica, 1963) (Sophia Loren dans un film produit par Carlo Ponti, avec Marcello Mastroianni, un streap-tease à tomber (de rire aussi) comédie burlesque et téléphone blanc) (pour rire un peu, peut-être)

 

 

 

 

 

 

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2 Comments

    « La Samar »… idem la Poste de la rue du Louvre…

    Bof, des bureaux de poste mobiles (et pourquoi pas des tubes Citroën vendant des cigarettes ?) viendront au pied de nos immeubles, tandis que – « en même temps » – les « hôtels de la Poste » seront transformés en maisons de retraite.

    « La vie est un cinéma où l’on ne peut voir deux fois de suite la même séance. »
    (Benoît Dehort, Œuvres complètes, Éditions du goudron, tome XXVIII, page 543. En vente dans les librairies spécialisées.)

  • belle formule de Benoît Dehort

    et tout se transforme en pire (enfin pas tout à fait, il y a des gens qui se bonifient, rares mais précieux)