Pendant le weekend

île numérique un : le premier ordinateur

le collectif l’aiR Nu organise une enquête qu’il a intitulé « nos îles numériques » – participe qui veut : rendez-vous ici

la tour soixante six (Jussieu) (Paris six) de nos jours

Nombres

c’est une assez vieille histoire, ce n’est pas une histoire, il y a quelque chose avec cette affaire d’histoire de narration d’emporter le lecteur – ce n’est pas une histoire, ça devait se passer dans la tour soixante-six – c’eut été plausible que cela se passât dans la soixante et un comme sur l’autoroute du prix Nobel – mais non, soixante six si je me souviens bien mais au deuxième étage, il s’agissait d’un laboratoire – on avait à choisir deux options on prit mécanique informatique, (l’année suivante ce serait astronomie physique des particules) on entrait là mais avant, quelques semaines je suppose, on avait déjà écrit pas mal de lignes de codes – sur la Seine au bout de cette espèce de campus, il y avait des pousseurs qui remontaient, il y avait sur l’autre rive la préfecture et sur la place un peu plus au nord, là où au faîte de la colonne sur un pied volait le génie (il n’était pas si doré, loin de là) – aujourd’hui c’est un salon de coiffure t’as qu’à voir – il y avait un café tout en longueur, les salles du fond donnaient sur la rue de Bofinger c’est probablement une impasse, Beausire ça s’appelle : ces salles de l’arrière du café étaient occupées par des billards français, on y jouait aussi à ces moments perdus – perdus pour la poursuite des études ou gagnés sur le temps qu’on leur consacrait – on jouait aussi au blitz dans l’appartement de la rue de Tourtille, c’était au quatrième sans ascenseur (quand j’y pense, je revois Simone madame Rosa, je revois le petit Momo, j’entends à nouveau « le prix Goncourt mille neuf cent soixante quinze a été attribué à monsieur Émile Ajar pour son roman intitulé « La vie devant soi ») le blitz est une sorte de jeu d’échec, on y joue vite, la partie ne dure pas cinq minutes – ce sont les mêmes règles, le même plateau les mêmes pièces et le but est le même – on jouait, on riait, on s’amusait – et l’idée nous a pris, il y avait là Marc F. nous suivions les mêmes enseignements, l’idée nous est venue (puisqu’il s’agissait de se faire évaluer noter corriger) de recourir à un programme informatique pour déterminer toutes les cases que peuvent atteindre les cavaliers, les quatre cavaliers (de l’Apocalypse mais je crois qu’ils étaient plus nombreux) – et en combien de coups minimum pour les atteindre toutes – on s’y était mis, on avait écrit puis ensuite on avait à retranscrire cette écriture sur des cartes perforées qui ressemblaient à celles qu’on voit maintenant parfois chez les turfistes – le même standard, le même modèle, on y pratiquait des trous rectangulaires, combien y en avait-il ? peut-être deux cents, la carte représentait-elle une ligne de code, je ne sais plus – on allait au deuxième étage de la tour soixante-six, il y avait là une porte, qui donnait sur une espèce d’énorme machin(e) qui prenait toute la surface et tout le volume de la pièce, il y avait un lecteur de cartes dans le tiroir duquel on déposait les fiches puis on ressortait puis on suivait quelque couloir qui amenait à l’autre bout de la pièce – elle devait faire dans les vingt mètres carrés, sur trois de haut, ce qui vous donnerait soixante mètres cubes – puis là une imprimante plus ou moins dans les dimensions qu’on leur connaît aujourd’hui (la dimension du listing, comme ça s’appelait, s’apparentait à un format dit A trois) vous sortait le ou les résultats qu’on avait espérés (le bord des pages était constitué d’un bandeau d’un centimètre de large, pré-découpé, dans lequel de multiples petits trous, tous les deux centimètres peut-être, avaient été pratiqués) , ou les fautes, les erreurs, les incompréhensions – on avait à reprendre, on corrigeait, on s’amusait, on cherchait aussi – première année du diplôme d’études universitaires générales mention sciences des structures et de la matière, à Paris six, en soixante treize.

 

l’ex-préfecture du boulevard Morland en travaux -vue du pont au Change – en dessous ça hurle au loup)

Share

Les commentaires sont vérouillés.