Pendant le weekend

Atelier d’été 18.30

 

consigne 30 : répéter : important : il ne s’agit pas de rituels privés, mais sociaux, ceux qui organisent la communauté — ceux (les plus solennels) qui reviennent une fois l’an, par exemple, mais pourquoi pas plus souvent ou quotidiens — et pourquoi pas en décrire un dans la parfaite équivalence du temps récit et du temps dit référentiel, celui de l’action en temps réel ?

 

 

il y a toujours cette chanson « Gracias a la vida » il y a Mercedes Sosa

il y a Joan Baez

et Colette Magny

, il y a toujours quoi qu’on fasse, ce qu’on a caractérisé par « domicile-travail » que tu le veuilles ou non, ou pas, ou que tu l’édulcores avec ton vélo, que tu le changes avec ta caisse (j’ai tant aimé les voitures, tu sais, je n’avais pas quinze ans, les prospectus de papier glacé qu’on volait chez le marchand de la route de Paris) ou que tu n’utilises que ces mocassins achetés en solde, la porte s’ouvre à gauche à l’arrivée de la porte, beaucoup sont descendu à l’arrêt précédent – ça bosse à l’union pour le recouvrement, d’autres à Magellan pour la comptabilité – je me souviens, le marché, l’oral, les questions, les enveloppes « ne pas ouvrir » toutes ces salades qui sont au droit ce que l’oblique est à l’amour – la comparaison ne va pas mais on s’en fout complètement – on prend à deux – la porte s’ouvre à gauche dans le sens de la marche on vient de mettre son signet – on déteste ceux qui cornent et écrivent dans les livres, va savoir pourquoi – et c’est une très mauvaise question « pourquoi ? » c’est une question de merde qu’il faut proscrire de son vocabulaire, pourquoi ça n’existe pas parce qu’on ne sait pas ce qu’on fout là, personne, parce que ces raisons-là appartiennent à autre chose – tu peux appeler ça le hasard, dieu ou n’importe quoi – il y a du soleil sur la France (tu te souviens, cette chanson?) il y a toujours des chansons, celles des Beatles, il y a toujours des images celles des films de Michelangelo – surtout celles où on voit Marcello et peut-être bien la Moreau

– je l’aime, elle, mais pas pour Jules ou Jim, je l’aime pour Lumière que je n’ai pas vu – mais ça viendra, t’inquiète – je suis allé reposer une majuscule à gracias, le métro s’est arrêté, il doit y avoir vingt deux marches pour au palier aboutir – tourner à droite – à ces portes automatiques et merdiques – tourner à droite, emprunter l’escalier mécanique comme ils disent, comme ils aiment à dire – sais-tu que le réseau express régional est en reconstruction sur sa ligne intra muros nommée A jusqu’à la fin du mois ? tu le sais maintenant, le couloir mène à l’arrêt du tramway que tu laisses sur ta droite (fuck off le tramway) et tu obliqueras, il y a dans ton sac ton badge, ton livre et ton bloc

dont la couverture a été dessinée par ta fille dans lequel on trouverait des lettres et des lettres, des écrits et des écrits des poèmes et des chansons – celle de Jean Ferrat adaptée d’un poème de Louis qui fait « je pense à toi, Desnos » – c’est vrai, mais pas à toi, Desnos Robert, non mais à mon grand-père qui allait un jour de février quarante quatre manger un couscous à Aubervilliers, c’est juste là – il y a ce pont qu’on emprunte, au dessus de quelque chose qui se voudrait être une espèce de jardin urbain – une espèce de laisser-aller à la permaculture – j‘ai tellement adoré celui de Javel-Citroën, là-bas dans le quinze – ah oui, il y a du soleil et tu marches parce que tu as mis tes lunettes de soleil, et ton pantalon clair et ta chemise blanche et que bientôt tu iras voir les gens – un moment de la vie du travailleur, bonjour quelques minutes pour un sondage – pour le moment tu croises ce type – il y a des types, dans les lieux de la ville qui sont là comme à demeure et qui font leur bazar tranquillement – je me souviens de la vendeuse de violettes de la place du Palais-Royal, comme je l’appréciais cette femme-là, revêche, maligne, souriante parfois, j’allais à la Comédie convertir mes pièces pour qu’on me les échange en billets – on croise des tatoués, des embermudés, des filles en robe, des bronzés et des blancs, des noirs et des arabes, quelque chose de la multitude du monde, Russes Croates Péruviens Argentins Australiens qu’est-ce que j’en sais ? rien n’importe on va travailler – bonjour, comment ça va ? bon après-midi il n’est pas encore deux heures, on avance « staff only » cette rigolade – sur la droite, là, on passe, dans la poche du sac de ma fille, la poche avant, je prends le badge, je le reprends sur mon dos, j’avance vers la porte et le petit déclic automatique électrique hypocrite de la machine qui permet l’entrée – il y a du vent dans les drapeaux, le type – c’est un noir, c’est un arabe, c’est un vieil homme, ou un jeune en barbe naissante – tirer vers soi, entrer, aller – bonjour bon courage 

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