Pendant le weekend

Curiosité sociologique

Il est temps de badigeonner un peu de théorie sociologique sur les livres, la lecture, la librairie. Ici on parlera d’une bibliothèque, celle de la Cité des sciences et de l’industrie (BSI : bibliothèque des sciences et de l’industrie) dont l’une des antennes, la Cité de la Santé, propose des projections-débats ayant pour objet la souffrance au travail. Voilà : le sociologue est curieux (ce sera tout pour la théorie) et aime regarder comment vivent ses contemporains (il aime aussi l’histoire, et la géographie, et la psychanalyse : il aime les sciences dites « humaines » comme si les autres ne l’étaient pas, humaines… enfin, passons : mais il les aime aussi ; en fait ce genre de type aime comprendre, voilà tout) .

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Ce samedi, alors que d’autres visitaient un étrange lieu bizarrement habité, dans la salle Jean Painlevé avait lieu la projection en avant première d’un des trois films réalisés par Jean-Robert Viallet (programmés sur France 3 à 20h30, lundi 26 et vers 22h30, mercredi 28). Celui de ce samedi, donc, s’appelle « La Destruction » et énonce de façon quasi-clinique les blessures infligées au corps social en son entier par des pratiques qu’au fond, personne ne maîtrise plus, qui sont celles de ce que nous appelons « management » (nous, je veux dire mes contemporains et moi-même : nous tous, donc).

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Ces pratiques qu’on nomme, dans la lignée de Tartuffe, « management par le stress » alors qu’il faut y voir réminiscence d’un certain esclavagisme (des caissières – évidemment des femmes – accusées honteusement de vol ; des cadres – évidemment des hommes – mis au ban parce qu’ils ont eu l’haïssable prétention de se syndiquer ; des histoires à faire frémir, révoltantes : elles ne se déroulent ni en Afghanistan, ni dans une lointaine république bananière, non, c’est ici, Asnières, Gennevilliers, La Défense…), ces pratiques donc sont illustrées par une image sublime et une construction limpide. Je me permets donc de conseiller la vision de ce film, de ces films, afin de prendre conscience d’un état de fait, imposé semble-t-il inconsciemment par une maîtrise et un encadrement dépassés par des méthodes frappées au coin du profit, de la performance et de l’évaluation comparative (on appelle ça « benchmarking »).

Cette humeur assez morose m’est venue en voyant, dans le métro (le lieu où se retrouvent plus souvent une base plus nombreuse que l’encadrement qui l’est fatalement moins) cette photographie et cette publicité.

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J’ai pensé aux Yes Men, j’ai pensé aux Dégonflés, j’ai pensé aux alternatives : oui, alternative, mais moi, le sociologue curieux en questions théoriques, je ne suis pas dans la position de ceux qu’on maltraite. Donc, j’en parle. Parce que je crois qu’il faut que ça cesse. 

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3 Comments

    […] Il s’agit de distribuer des questionnaires que les spectateurs de films rempliront ensuite, durant le débat le plus souvent, qui suivra la projection. De les recueillir, de les saisir et les analyser. On en a déjà rendu compte ici. […]

  • […] pour des raisons professionnelles : je travaille sur (ou à) la souffrance au travail. Il en est de mon métier disons : ce n’est ni nouveau ni agréable à regarder en face. Mais il le […]

  • […] un carnet de travail, et insensiblement, il a tourné vers quelque chose d’autre, mais cependant le travail continue, et la santé avec […]