Pendant le weekend

#9 Cahier 44-45

 

29 (octobre) Départ pour Faucogney

Je suis allé voir un peu, cela s’appelle sur les cartes, Faucogney-et-la-Mer.

faucogney 8

Toujours eu une certaine horreur de la géographie et quand je n’en fis plus à l’école, je m’en suis pas inquiété. N’importe à présent : voici les Vosges (on aperçoit là une ligne bleue), on entre dans ce village, des humains s’occupent de leurs plantes

faucogney 2

On passe, on avance, ils reprennent leurs travaux

faucogney

Ce n’est pas qu’on se sente en été dans le texte du cahier mais aux photos, si. D’autres nettoient le pan d’un trottoir qui, peut-être, a vu passer les jeeps et les camions

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sur cette place voisinant le monument aux morts

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Le passage de la voiture ne les distraie pas, elle est pourtant là, elle passe, dans le reflet des vitrine de « Chez Monique » poly-commerce si on veut

chez monique faucogney 3

la voiture est verte, on la retrouve un peu chez le coiffeur (c’est l’apostrophe en forme d’accroche-coeur qui impliquerait sa citation dans l’Invent’hair mais celui-ci nécessite la présence IRL – en vrai- de l’opérateur)

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avancée vers la sortie du village (direction Ferdrupt) on trouve un restaurant « Le bon Coin » et garé auprès ce tube citron (un même objet dans les rues de Tunis où le servant façonnait les sandwichs de mon enfance-il était alors gris et s’ouvrait au côté)

le bon coin faucogney 7

passer sur le pont, rejoindre la nationale, croiser un tracteur  tordu par le robot

tracteur tordu faucogney 9

prochaine étape, plus loin, c’est novembre…

(novembre) En ligne à Ferdrupt (vallée de la Moselle)

vallée de la moselleSur la nationale 66 à Ferdrupt, la Moselle

Ramonchamp. Neige, patrouilles dans la montagne forêts et routes glacées

20 Départ pour Les Granges

23 Départ pour Géromagny Ronchamps Champagny Plancher bas

24 Arrivée à Plancher les prêtres

25 Attaque du col de Fennemat. Mort du Commandant Langlois du Lieutenant de Fontgallant. Mort de Leroux, notre chauffeur. Entrée à Sewen

30 Patrouille sur le Rossberg

4 Décembre Départ de Sewen. Arrivée à la casernbe de Giromagny 

(sous le lien, on apprend que dans une villa siégeaient début 45 le commandement des commandos d’Afrique; on cherche une villa, de plus à l’entrée du site, mais ce qui ressemble le plus à une entrée de village est aussi sa sortie; on découvre ceci

villa giromagny

Est-ce contemporain de notre cahier ? On ne sait, on avance et on passe)

 

5 décembre Départ pour Aillevilliers. H.S. (sans doute pour Haute Saône)

14 Décembre Départ pour les Charentes

17 Décembre Arrivée à la Clotte (renseignements pris un village non loin de Bordeaux)

19 Décembre On parle de départ pour la Corse et l’An (permissions)

29 D Les Evénements se précipitent. Adieux les séjours de Charente. Nous remontons. On  a besoin de nous en Alsace.

 

C’est la fin de l’année 1944. Une sorte de presse, peu de mots, des lieux, peu de faits.On apprend un passage; des noms; des champs, des bois, des morts et des chars.  On apprend la guerre. Huit mois séparent ce moment-ci de celui où a été entamé ce cahier. Je regarde, la route, les passages, les arrivées, le Rossberg par exemple – sommet culminant à 1191 mètres d’altitude; l’image satellite donne ceci

Rossberg1

Il s’agit du Ballon d’Alsace, la patrouille dans la neige et les doigts gelés comme les pieds. Je suis allé regarder La Clotte, n’y ai rien découvert sinon une mairie neuve et un monument aux morts de la grande guerre…

J’ai arrêté là, il reste des mots, des dates et des événements, peu, et le cahier sera terminé. Depuis ce temps, depuis quelques épisodes tout autant, passe le temps et passent les semaines…

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5 Comments

    je verrai bien la maison dans le rôle de quartier pour le commandement

  • ça correespond à l’idée qu’on s’en fait… Merci de passer Brigitte

  • Il a une tête bizarre, ce tracteur (un peu comme tous les autres zombies)…

    Cela me fait une drôle d’impression, cette balade avec Google Maps : comme la vue déshumanisée (je repense aux photos de Raymond Depardon qui signifient une si belle empathie avec ce qu’il capte) d’un monde dont l’opérateur se fiche comme de sa première chemise, obéissant simplement à une commande de relevé systématique, à une mise en fiches complète – benthamienne – de la France et du monde, bientôt par satellites dédiés à cette tâche de surveillance globale : à quand « l’objectif » de montrer aussi l’intérieur des magasins, des immeubles, des appartements, pourquoi s’arrêter en si bon chemin ?

    Je comprends bien que pour certaines recherches, historiques ou familiales, cela peut être utile : je m’interroge simplement sur la philosophie totalitaire de ce type de projet (j’aurais aimé lire ce que Foucault en pensait mais cela n’existait pas encore de son vivant).

  • Très judicieux.
    Mais cependant la voiture est conduite par un humain qui a des consignes (je suppose) de vitesse, de parcours-trajet-directions etc… (elle ne passe pas à la nuit, et c’est fort dommage…) : on ne lui laisse pas (encore ?) toute latence…
    Je ne défends certes pas l’outil, je m’en sers. Et je pense à l’utilisation que j’en fais.
    Il y a de la vérité dedans aussi (comme dans toute photographie), quand même, et notamment de parvenir à emprisonner les humains dans leurs gestes quotidiens (même si la machine floute les visages et les regards, et parfois même les textes-noms de rue et autres lieux dits). Ces interrogations que tu as la gentillesse de poster sont aussi miennes : je ne savais où m’embarquer quand j’ai trouvé ce cahier, je me trouvais sans doute dans une certaine obligation d’illustration afin de réaliser mes différents billets.
    J’aurais certes pu ne poser que les textes, mais j’aime à savoir où, quand, comment – de la même manière qu’aujourd’hui, lisant ce merveilleux livre de Nicolas Bouvier, « L’Usage du Temps », je regarde sur mon atlas, sur les cartes du robot (qui ne vont pas si près qu’ici : c’est derrière le rideau…) par où passent les deux voyageurs : précisément, le totalitarisme dont tu parles -je suis d’accord avec toi- s’arrête où les machines ne peuvent aller et n’iront, sans doute, jamais : c’est à dire dans nos esprits (à moins que nous ne les y engagions…). (la photographie du Ballon d’Alsace par sa majesté le satellite (floutée de nuage-à moins que ce ne soit militairement incompatible ?- témoigne aussi des limites, ou des frontières à jamais infranchissables par les robots).

  • Il s’agit pour moi d’une réflexion théorique : et tu m’accorderas que les visages ou les pancartes ou les pubs floutés rappellent les pires reportages de TF1 ou de M6.

    On peut imaginer qu’à la limite l’image devrait être entièrement floutée pour ne pas déplaire à tel propriétaire de château ou d’étang, comme certains volcans d’Auvergne ont d’ailleurs été privatisés et ne sont donc pas photographiables (c’est moche pour Google !).

    Un jour, puisqu’on reparle d’Orwell ces temps-ci, le géant US viendra photographier nos pensées (il suffira qu’il inverse le sens des lunettes qu’il commercialise déjà) et alors attention aux idées divergentes !

    Enfin, la SF est forcément l’avenir de l’homme.