Pendant le weekend

Atelier 9 hiver 20-21

 

 

Efficace, performant, agile, souple, adaptable et adapté, spontané réfléchi – beige et gris – des adjectifs comme des impératifs — trente huit ans ou cinquante deux – les deux ensemble, se rendre sûr de soi et digne – tout ce qu’on veut de nous, tout notre corps et notre esprit, tout dans la même direction tendu vers le même but – tout ce qu’on veut de toi : allongé dans le noir les mains posées à plat sur le drap sec et blanc, la chambre est au troisième étage donne sur la place et sur la porte de la Mer – sans autre pensée que rien, sans question sans contradiction ni contrariété – c’est le contrat, il y faut une méditation, une préparation mentale, se sentir soutenu par une pratique et un usage long et performant efficace spontané et appris – penser rêver ne pas se laisser bercer agir – tout est prêt, le parcours aller et retour par la rue d’Espagne suivre les voies de chemin de fer – attendre la fin de la pluie – dans la poche droite, avec un silencieux – marcher avancer regarder se saisir de la rue continuer et avancer – ne pas perdre de vue l’évidence du choix et de l’assurance, marcher, entrer par le jardin – pas un bruit sinon celui du lampadaire qui bat contre son fil, le vent qui bruisse, les herbes folles et mauvaises dans le jardin, la véranda, la porte moustiquaire – pas un bruit sinon léger celui des gonds, entrer, dans le fauteuil l’homme dort – on dit le sommeil du juste il a la bouche ouverte des rides sont à ses oreilles des détails de son corps qui s’impriment sur la mémoire que j’oublie dès la sortie – il pleut – tout ce qu’on demande à une machine, tout ce qu’on attend d’elle sauf une panne – sens à tes tempes battre ton cœur, tes genoux tes mollets, sens cette souplesse, cette solidité, ta force – et aussi celle de tes convictions, si j’étais un vieil homme ce serait ma dernière volonté : je voudrais mourir d’un seul coup, dans mon sommeil, comme le cardinal je ne sais plus son nom, était-ce dans son sommeil ou en plein coït, son cœur s’infarctusse – Gilberte surnommée Mimi dit la chronique – alors pourquoi offrir à cette canaille cette fin magnifique venue il ne saura d’où, pas même pourra-t-il expier, demander quelque pardon pour ses actions – c’est que rien n’est simple, sinon l’amour qu’on éprouve pour une fleur une herbe ou un panorama – quelque chose qu’on ne partage pas même si on y tient – la nuit seul sans bruit : le jardin la véranda une ombre peut-être l’ombre d’un mouvement le vent – non, rien – les rues, les arcades, les mûriers les acacias l’avenue – par l’entrée de service comme une ombre sans le moindre plaisir sans la moindre haine monte les marches, avance dans le couloir, hôtel tapis parures aux murs – cette odeur particulière, sens le goût et imagine la suite – la chambre – se changer s’allonger dormir, dormir enfin sans rêve dormir enfin du sommeil du juste – s’abîmer sentir encore à nouveau l’odeur cette odeur sensible cette odeur avec ces mains là, posées à plat sur le drap propre lisse repassé empesé tendu blanc le poids du corps dormir – dormir –

 

codicillons d’italiques
l’écriture de cette part a déjà été opérée lors d’une précédente session, je ne me souviens plus exactement, mais sans doute faut-il revenir plusieurs fois sur les textes et les actes – c’est aussi une autre façon de procéder de la 8, j’ai essayé d’adapter pour la consigne de la neuf – est-ce que c’est important de comprendre la consigne ? J’ai beau écouter entendre réécouter ça ne change pas – faut-il continuer dans cette voix, cette fiction, ou plutôt tenter de se rapprocher de l’autre part du travail disons autobio – c’est dans l’atelier, avançons donc sans doute – sans douter – l’impératif à la première personne du pluriel – les choses qui arrivent, les obligations ou les objurgations (j’ignorai le g de ce mot) (doit avoir une connotation religieuse si tu veux mon avis) – qu’est-ce qui pousse donc ce type à faire ce qu’il fait ? toujours pas la moindre idée : il aurait pu s’agir de s’adresser à un de ces espions – par exemple l’un des deux (manchots, mains pleins de pouces, imbéciles) qui répandirent du poison atomique peut-être bien sur les poignées de porte de la maison il me semble du transfuge du côté de Londres – avançons sans douter (force et courage)

 

les huit adjectifs qui commencent ce texte m’insupportent au plus haut point – c’est que je n’aime pas mon contemporain, ou du moins celui qui les promeut comme étant des qualités – cette détestation, cette haine du marketing et de son management et de son élitisme à peine caché, l’hypocrisie du monde actuel, toutes ces choses avec lesquelles il est tellement mauvais d’aller – je me souviens de Bashung – c’est égal j’agonis le monde contemporain (sa prison, son couvre-feu, ses milliards de doses), et les diverses réalités qui m’atteignent (Jacques, Martine, Laurent et d’autres encore…) je ne sais pas bien mais heureusement (parfois) que l’atelier est là aussi – tenir surtout, ne pas glisser – être prêt à tout ? jamais sans éthique merde

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1 Comment

    pour les adjectifs, oh oui…
    pour la mort qu’il eut je crois bien que c’était en plein coït au moins on le disait alors
    pour le reste aime la discipline la presque froideur, moins la cruauté
    enfin si j’ai compris mais j’ai le crâne d’un petit pois

    sourire, toujours