Pendant le weekend

travailler ?

C’est un film de 52 minutes.

Cette jeune fille noire (que des traits dominés : jeune, fille, noire, employée de supermarché donc peu diplômée) est en but aux indignités d’un patron sans scrupule. Que faire ? Aller trouver un inspecteur du travail (ils sont , dans notre beau pays, 1300 pour 15 millions de salariés, et 1,5 millions d’entreprises : si on compte, dix mille par inspecteur…).

Leur tâche consiste à surveiller si les normes du code du travail sont respectées par les entreprises.

 

Le film montre le travail et les difficultés rencontrées par une petite équipe de quelques personnes, travaillant en banlieue parisienne (en Essonne).

Une femme inspecteur du travail, un homme inspecteur, deux femmes qui répondent au téléphone. Qui écoutent. Qui préviennent : mais que peuvent-ils devant la cohorte innombrable des actes, pas toujours malveillants, mais toujours dangereux où se trouvent  immergés des hommes ou des femmes qui, parfois, ne parlent pas un mot de français ? Que faire contre  un restaurateur qui oblige à rester dormir dans trois mètres carrés ? Certes, chacun peut faire ce qu’il veut. Sauf parfois. Les plus faibles, toujours. Ceux qui se blesseront parce qu’il n’y aura pas, sur ce petit chantier, de rambarde réglementaire (1). Que faire, donc, sinon fermer ce lieu de travail ?

 

Lors du débat qui suivit la projection de ce film (« L 611-1- L’inspection du travail », réalisation Jean-Yves Cauchard, produit par Temps Noir, 2005) on apprit que l’Etat lui même,  l’un des principaux employeurs de France, est aussi celui qui met le plus de mauvaise volonté à reconnaître que « le travail »- pour paraphraser le titre d’un livre -« peut nuire gravement à votre santé » (Annie Thébaud-Mony, Paris 20007,  La Découverte)

On apprit aussi que les luttes pour faire reconnaître les maladies dues à l’amiante comme des accidents du travail allaient faire jurisprudence.

 


Ce film, projeté dans le cadre de la manifestation « Le travail c’est la santé ?« , proposé (gratuitement) par le Conservatoire national des Arts et Métiers (notamment Ginette Francequin),  la Cité des Métiers de la Villette (notamment Maud  Béreau), et la Cité de la Santé de la Bibliothèque  des Sciences et de l’Industrie (notamment Tù-Tâm Nguyen), faisait suite à deux fictions projetées l’année dernière (« Sauf le respect que je vous dois », réalisation Fabienne Godet, Haut et Court, 2005; et « It’s a free world », réalisation Ken Loach, Diaphan Films, 2008).).

Une programmation formidable, qui se terminera  le samedi 5 février, à 15 heures (entrée toujours libre, Salle Jean Painlevé, BSI, Cité des Sciences de la Villette, métro Porte de la Villette), par le film documentaire de Coline Serreau « Solutions locales pour un désordre global » (Memento Films, 2010).

Il sera suivi d’un débat avec Jean-Louis Laville, sociologue et économiste, et le professeur William Dab, médecin émidémiologiste.

Il vaut toujours mieux être et se tenir informé.

Quiconque y sera le bienvenu.

 

(1) : On note que, si des indemnités pour accident du travail sont versés à un travailleur victime de cet état de fait, ces indemnités seront soumises à l’impôt sur le revenu, par la grâce de l’un de nos hommes politiques des plus éminents.   

 

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2 Comments

    et lisez le carnet d’un inspecteur du travail de Gérard Filloche

  • […] parviendront pas, jamais, à la faire taire. Politique, ce billet ? Oui, sans doute, mais surtout, comme déjà, assez honteux de voir que ce pays ne peut s’empêcher d’avoir les représentants […]