Pendant le weekend

Louvre

Oui, me dit-elle, oui j’arrive… Elle claudique, je l’entends derrière la porte, elle vient m’ouvrir, m’embrasse et se tourne, puis à nouveau vers moi me sourit voyant les fleurs « oh il ne fallait pas, garde ton argent… »… Elle s’assoit puis s’allonge « oui, dit-elle, oui je dors mais pourquoi faire ? », elle me sourit, je me souviens de sa soeur qui me disait « tu n’as pas une cigarette ? » puis qui faisait « non, non… », tout en se couvrant la tête de son drap, bleu je crois, dans cette clinique de Nanterre, je me souviens en passant les guichets, il est onze heures quarante, il pleut un peu, ou peut-être pas, je me souviens, dans la cour c’est par des guichets qu’on y entre, on travaille

à gauche le Carrousel, plus loin là à droite où elle vivait, je me souviens encore de Saint Germain l’Auxerrois, elle dans sa chambre, son petit lit et ses quatre petites peluches, les fleurs que je lui porte, le coup de téléphone tout à l’heure « tu sais tu as embelli ma journée », je ne sais pas encore mais elle oublie, « oui dit-elle, j’ai tout oublié tu sais » et puis le couloir, l’ascenseur, « au revoir monsieur, bonne journée » la pluie dehors, le pont et les guichets, puis les petits métiers, les photgraphes photographiés

on s’approche un peu,

 

ils parlent, ils disent, ils racontent, ils sont là, tous les jours (pas le mardi), il y a les vendeurs d’eau ou de parapluies, les vendeurs de petites tours Eiffel qu’on ne prend pas en photo parce qu’on vit dans un monde régi par des chiens, les ouvriers bossent et discutent, on attend on passe

les touristes viennent par millions, ils sont si heureux

 

c’est vrai, n’est-ce pas merveilleux, mais oui, c’est Paris, ça, c’est Paris, oui, voilà, et elle dans sa chambre, oui « la Seine que demander de plus ? », le Louvre, on l’entretient,

on le soigne, le ministère des phynances, on avance c’est par là

c’est en février qu’elle naquit, bientôt un siècle, on pense oui, le temps, à quoi ça sert ? et puis mais tu as des enfants, non ? oui, ah les filles c’est mieux, et puis ces mots, ses mots et sa main derrière sa tête appuyée au mur, le téléphone, la radio, ses aiguilles à tricoter, ce pull bleu mais pour qui je tricote ? ces mots qui ne veulent rien dire non j’ai tout oublié, mais tu te souviens, la Marsa ? oui la Marsa, je me souviens oui, mais voilà la pluie, la cour on en sort, c’est par des guichets qu’on l’ouvre, le métro, descendre et ne pas passer chez Delamain, oublier « Venises » de Paul Morand, aimer les canaux et les places, les campi et les calle, descendre, les gens le monde gris la pluie les gens lisent

écoutent de la musique ou quelque chose

changer, revenir sur ses pas, les mêmes pas dans les mêmes pas, aller au travail, oui qu’est-ce que c’est ton travail, ya amri (mon amour en arabe, elle parle arabe, elle aime et se souvient) oui, voilà, des enquêtes, oui, voilà le temps qui passe, le temps de remonter, de traverser Paris, je me souviens de la dauphine était-elle rouge, le café avec sa mère, Djelloulli, pourquoi tous ces « l » je ne sais, le coin de l’avenue, la route qui va à Kéredine, c’était à Keredine ?  au Kram ? Je ne sais plus, dit-elle, tu sais, maintenant, j’oublie tout, j’oublie tout… mais il y a la vie, j’ai mal aux jambes mais il faut vivre la vie tu sais, oui, je sais, ma chère amie, oui je vois, je remonte vers le nord, je change à nouveau, viens que je t’embrasse je reviens bien sûr je t’appelle oui bien sûr moi aussi, tu sais jt’adore, je sors, là, l’écluse

 

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    la chère amie de Tunisie au Louvre, le métro, les photos interdites, et la vie