Pendant le weekend

Carnet de voyage(s) #70

La légèreté presque transparente des propos de ces carnets de voyage(s) qui sont plutôt des images de voyages, des sentiments, des nuages et de vagues oublis réminiscences et autres passages à (plus ou moins) vide ne doit laisser aucunement passer l’actualité de ces jours derniers, et notamment le scandale de la mort d’un jeune homme, tué par l’explosion, dans son dos, d’une grenade offensive, même si, dans « les plus hautes sphères de l’Etat » on peine à reconnaître de quoi il s’agit. Je poste cependant ce billet, le lui dédiant, les choses sont belles aussi, mais la mort d’un enfant, d’un jeune homme, jamais, ne saurait être excusée, et encore moins pardonnée. Comme on disait ailleurs (à la mort, dans d’autres circonstances, certes, de Clément Meric) : ni oubli, ni pardon. À Rémi Fraisse donc.

 

Marcher et croiser deux salons de coiffure, l’un françisant

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l’autre plus intime

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(qui se prononce « linéa loui ») avant de monter à l’assaut d’une colline, au delà de laquelle on découvrira le stade de football (je ne vérifie pas je dis la Sampdoria de Gênes – j’ai regardé l’orthographe quand même)

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et les diverses constructions urbaines, un nombre d’habitants proche d’un million et demi je crois (j’ai vérifié)

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au loin, le golfe du Paradis (ainsi l’intitulent-ils) la Riviera italienne (qui ne veut dire que  bord de mer, mais pour nous, bien plus), on  a marché, acheté une cafetière Junior (15 euros), puis on est redescendu vers le port, prendre un bateau qui cabote le long de la côte

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deux mouettes et quelques poissons qui nagent, le bateau va s’en aller (20 euros l’aller retour jusque Portiofino, une horreur au bout du golfe) , on double le port

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le soleil donne (comme dit la chanson) la même couleur aux gens, on croisera des grues

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et puis d’autres encore (c’est vrai, j’ai poussé sur les bleus)

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quelques bâtiments plus ou moins douaniers

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oui, le teint s’est éclairci, la petite embarcation fait figure de coquille de noix devant les porte-conteneurs, les ferrys, énormes les bateaux de croisière, mais elle sort

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cap à l’est (mais manque le point), il est deux heures de l’après-midi, on a mangé quelques tomates, quelques grains de raisin, frugalité du manque d’argent ? pas seulement, non, mais marcher, s’asseoir, rester et entendre le moteur, l’arbre qui tourne, l’eau qui bruisse et le soleil qui frôle les vitres ouvertes

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au loin quelque voilier, quelque cargo, ici le marin qui lit le journal

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sous son bob bleu, visage buriné, sourire d’enfant, là son collègue qui discute avec son amie

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à l’arrière du bateau un couple d’Américains

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et l’écume de ce jour, voilà un mois, entier passé à chercher du travail, à attendre un appel téléphonique, à remplir des fiches de renseignements, cela, aujourd’hui, c’est oublié, l’air doux et chaud, les vitres qui filtrent les embruns

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l’après midi comme le bateau avance, on stationne un moment à Camogli, on avance encore vers San Fruttuoso, le bateau part, repart, croise ici ou là d’autres qui visitent le bord de mer

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il est temps de revenir, à Portofino (zéro photo) le martini plus la glace à la vanille vous coûteront seize euros, un type manoeuvrera son yacht noir vernis vingt mètres où s’affairera le staff, la « crew » marquée sur le t-shirt blanc comme immaculé le pantalon, une femme jettera l’amarre, une autre rentrera dans sa cabine on reconnaît un banquier, un vendeur d’actions, un courtier en pétrole, quelque chose d’un autre monde qui ici vient mouiller pour la soirée, une chambre dans le palace en haut de la colline probablement, les voitures de luxe et les magasins du même appareil, une église, au loin qui donne sur le golfe, un mois de passé, laisser filer le temps, laisser aller les lignes, les vagues et les écumes

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au loin les arches des ponts des autoroutes ou des chemins de fer, sous une de ces arcades, où était-ce déjà, je ne sais plus, les vieux types jouent aux cartes, on boit un jus de poire, on mange un panino tomate-mozzarella qu’on partage, on regarde le soleil qui décline et les ocres qui roussissent

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on cerne le paysage tandis que le bateau retourne vers l’ouest

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tout à l’heure il fera nuit, il ne fera pas si froid, le golfe du paradis sera plongé dans le noir

 

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5 Comments

    comme à chaque fois et dès les premiers mots, images savoir qu’on ne lâchera pas cette balade toute en douceur et poésie, une boucle, micro changements, à l’arrivée pourtant quelque chose a changé, quoi, on ne sait pas et on refait le voyage

  • le commentaire d’Elise est si parfait que je ne peux que dire : même chose

  • Trop gentille, Elise, merci…

  • bon, alors même chose qu’à Elise, Brigitte… :°))

  • On navigue (belles photos depuis et dans le bateau), on te suit, pas trop de vagues, et l’écume couleur sang de l’actualité, on ne l’oublie pas non plus.