Pendant le weekend

Carnet de voyage(s) #110

 

 

 

ce fut pour Noël, une espèce de cadeau fait aux présents – on avait apporté deux bouteilles de champagne (on allait fêter ça) il traînait un peu dans l’air l’abjection du pouvoir – le tracé opaque de la pensée du pouvoir, et sa volonté de casser, détruire, mettre en ordre et interdire afin de continuer à agir pour ceux qui l’avaient placé là (rends l’ISF d’abord) – il y avait eu le voyage en auto, on s’était dit on y va on s’en fout et on était partis – arrivés là, on avait emménagé, puis le lendemain, on avait été faire quelques emplettes, achats chez le poissonnier sur le port – ça se passe à Dieppe – une mouette ne riait pas

observait seulement (ce qu’elle observe, alors là, c’est toute la question) une autre l’imitait au loin

une troisième approchait (tant d’autres, un peu partout)

c’est qu’il fallait attendre (on acheta du boudin blanc – pas bon mais cher – un tourteau, deux douzaines d’huîtres, des coquilles Saint-Jacques et des crevettes : le menu du soir), on ferait une mayonnaise, on achèterait du pain et des olives, des pommes de terre – on avait apporté des épinards – on ferait aussi une bûche chocolat-poires (on aurait préalablement fait pocher les poires dans de l’eau simple) – c’était Noël, on allait oublier pour quelques heures (quelques jours) les ennuis et les luttes, le travail et la contrainte, le réveil-matin et le reste du monde… Se promener sur la digue

ce fut dans les gris, dans les bleus, le vent

le cheval blanc dans la pâture

il y avait aussi quelques poules, pas de pluie mais du vent, un peu de soleil peut-être bien le lendemain, le cours des jours, les cadeaux, les tentatives de rester heureux, la mer

au loin arrivait le ferry qui relie à la perfide Albion – mais aussi cette étrange embarcation

à énergie éolienne (on se demandait bien ce que c’était mais wifi à bord), promenades sur la jetée

on parlait de l’avenir – les gilets jaunes, le pauvre dirigeant qui maigrissait, le reclus (où  était-il, se demandait-on : à Saint-Tropez, au fort de Brégançon avec sa piscine à cinquante mille) et sa bobonne aux macarons – on avait vitupéré mais la trêve sied aux confiseurs (on avait reçu des chocolats) – les travaux dans la cuisine ? refaire la peinture ? il ne faisait pas doux (mais froid, plutôt)

ce sont des images au zoom, on n’y distingue que peu les choses

on ne dispose que d’une palette faite de quelques tons, doux, on aimerait qu’ainsi soit peint le monde – non, il y a aussi les falaises

du vent, des rires des histoires (on n’a pas joué aux cartes mais on a fait du feu – ça a été bien difficile

) quelque chose du plaisir d’être ensemble – du manque des absent.e.s aussi bien – on avançait encore vers la fin de l’année, sur la mer en après midi voguait un petit voilier

ce n’est que parce qu’il est loin, un moment plus tard repartait le ferry

on s’était activé en cuisine, tout était-il prêt ? sans doute – puis la nuit et la splendeur du matin suivant

pas si matinal que ça, mais n’importe, là il y en avait deux, ici un oiseau passe

ah non, il manque le point – le voilà (pas le point,l’oiseau)

il faut le discerner, il passe

un jour (sans doute jamais, mais) un jour il faudra s’équiper d’un vrai appareil-photo (non, jamais) (c’est qu’on voudrait garder les choses, les images, les couleurs : elles fuient cependant)

non, décidément, le point n’y sera pas – ni le cadre d’ailleurs – on oublie alors – deux jours, deux soirs, bientôt l’année s’enfuira, on ira sous le gui – les Grecs jetteront leurs fruits des grenadiers sur le pas de leurs portes – j’avais un lien, je l’ai envoyé à M. et T. qui me dirent avoir cette tradition superstitieuse et jolie – une promenade encore

calme, douceur, tranquillité – joie de vivre –

puis encore un peu de falaise

on s’en ira (ménage, rangement, cadeaux – des livres – et vêtements dans le coffre – on s’en ira) il y aura sans doute de la pluie mais aussi, un peu, le souvenir du soleil de la veille

(non, le point, non, décidément…). Merci d’être venu.e.s

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Share

2 Comments

    et merci de nous transmettre cette beauté
    Pour le reste…

  • J’aime beaucoup cette côte et ses falaises, j’y ai passé plusieurs vacances d’hiver aussi (quelques kilomètres plus bas) mais je n’ai jamais pensé à y emporter des épinards, la prochaine fois peut-être…