Pendant le weekend

Vases Co Octobre

« Pendant le week-end » accueille l’ami Dominique Hasselmann (ex Chasse-Clou) pour les Vases Communicants de ce mois d’octobre. Bienvenue pour la deuxième (qui ne sera pas, j’ose le croire, seconde) fois en ces lieux.

 

 

 

Un aimant de pierre au beau milieu de la place de l’Etoile

 

On remplacerait les mots par des photos (souvent c’est l’inverse) mais il faudrait bien quand même en laisser subsister quelques-uns, comme ces bornes kilométriques qui existent encore sur des routes départementales.

 

 

J’ignorais par quelle sortie aurait débouché l’ami Piero, mais j’étais déjà en retard par rapport à lui puisque je ne suis allé place de l’Etoile (rebaptisée place du général de Gaulle en 1970) que mercredi matin, et il y a tant d’avenues (douze), fleuves, rivières, artères qui aboutissent en son centre monumental qu’il est difficile de faire le tour de la question en deux heures.

 

 

Non, je ne parcourrais pas toutes les voies (j’ai pris la sortie 8 du métro, avenue Foch, couloir interminable et désert) qui mènent triomphalement à l’Arc, énorme aimant de pierre planté au beau milieu de la place.

 

 

J’aime les pavés de cet espace et souvent j’imagine tous les travailleurs anonymes qui les ont ainsi artistiquement déposés, comme la construction d’une cathédrale horizontale, foulée en juin 1940  par les troupes allemandes.

 

 

Le carrousel ininterrompu des voitures, camions, deux-roues (je n’ai pas aperçu de cycliste) m’a même poussé à oser traverser le manège potentiel d’auto-tamponneuses en courant – ce n’était pas du tout raisonnable – pour aller me réfugier sous la voûte : alors que l’on doit normalement passer par le souterrain, avec sa mini-expo historique, qui s’ouvre sur les Champs-Elysées.

 

 

Ensuite, j’ai hésité à escalader les 284 marches pour me retrouver tout en haut de l’Arc de Triomphe : les vues prises de là-haut ressembleraient trop sans doute à celles de Google Map.

 

 

Comme notre contrainte était de ne pas dépasser les dix photos (bref rappel pour mon co-équipier !), j’ai dû effectuer un tri sévère parmi celles que j’avais prises : les touristes étrangers mitraillent à qui mieux-mieux et la tentation est grande de les fixer dans ces postures variées.

 

 

Puis, en descendant à pied « la plus belle avenue du monde » jusqu’au métro Franklin Roosevelt (écrit en idéogrammes japonais dans la station : le R serait donc un H), je me suis aperçu que j’avais oublié d’emporter mon ancien livre de poche de Patrick Modiano , La place de l’étoile (Folio N°698, édition de novembre1975, dessin Michel Gayout d’un type sans tête portant à sa place l’étoile jaune de David avec la mention « Juif » en noir), et j’ai été racheter un peu plus tard le seul exemplaire disponible au Virgin Megastore, avec une couverture bizarrement modifiée (Folio N°698, édition d’octobre 2010).

 

 

J’avais pensé à prendre le premier livre en photo, et la perspective en était soudain autre puisque le second ressemblait un peu maintenant à un guide touristique.

 

 

Mais l’exergue de La place de l’étoile, qui n’avait pas changé, gardait sa force : « Au mois de juin 1942, un officier allemand s’avance vers un jeune homme et lui dit : « Pardon, Monsieur, où se trouve la place de l’Etoile ? »

Le jeune homme désigne le côté gauche de sa poitrine. »

(Histoire juive.) »

 

 

Texte et photos : Dominique Hasselmann

 

 

 

Merci à Brigitte Célerier pour la liste de tous les autres vases communicants d’octobre qu’on trouvera ici.

 

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14 Comments

    […] l’échange a se déroule entre Pendant le week-end, avec l’accueil ici de Piero Cohen-Hadria,  et Le Tourne-à-gauche, reçu […]

  • Un voyage en forme de clin d’oeil pour égayer une matinée brumeuse, c’est agréable. J’aime bien l’idée de cathédrale horizontale.

  • Belle série, Dominique. J’adore la bétonneuse tricolore!

    Et l’oeil du feu rouge
    Etait au carrefour
    Et regardait Folio..

    (Le récent Prix Noble de Littérature attribué à Thomas Tranströmer autorise bien un petit haïku?)

    Bizarre tout de même cette frilosité éditoriale qui gomme toute allusion à la déportation et au texte modianesque pour renvoyer en boucle du titre à la photo de la place…

  • @ gballand : voyage… ou simple escapade sur un lieu très touristique où les voitures tournent comme des abeilles affolées : cet Arc de triomphe est accidentogène (je suis étonné d’en voir si peu pourtant à cet endroit).

    @ M : oui, enfin, la dernière édition Folio a eu au moins le mérite de me permettre de renvoyer en miroir au momument mais a gommé effectivement toute autre allusion.

  • Les chemins de la capitale sont très croisés, ceux de votre pensée aussi, pour notre bonheur de visiteurs par procuration.

  • 8e photo : un camion pour cimenter la République ?

  • @ gballand : l’horizontalité est souvent perdue de vue.

  • @ Maïté/Aliénor : nos « correspondances » se sont révélées hier soir.

  • @ JEA : Bouygues et consorts se demandent « quid du Fouquet’s en mai 2012 » (pas loin en descendant sur le trottoir de droite des « Champs ».

  • […] Vases Co Octobre […]

  • 3ème photo :
    le camion tire,
    deux humains poussent la terre
    et la place tourne !

  • et finalement ce sont deux visions très différentes, presque deux places, et j’aime être en admiration devant les tons et découpages de Piero Cohen-Hadria, mais tout autant la retrouver, plus familière mais sous son meilleur jour chez vous

  • @ lautreje : les trois couleurs se tordent de rire !

    @ brigetoun : ces vues se complètent, j’en suis content.

  • […] plus exactement; et Charles de Gaulle-Etoile plus précisément encore). Relier la Nation et l’Etoile. Barbès Rochechouart se situe plus ou moins au milieu de cette ligne courbe; son homologue, […]