Pendant le weekend

Sur le bureau #6

On ne sait jamais quand on part et où on va arriver, c’est le sort du billet, il y a là quelques photos, on se dit qu’il faut bien en faire un, ou qu’on ne peut pas n’en pas faire, assurer sa présence, rester visible, une certaine visibilité; quelle importance, ça n’est pas important, non, virtuel seulement, simplement

un type disait « j’essaye d’écrire simplement, je n’emploie pas d’adverbe », drôles de gens que ces contemporains-là, écouter et laisser aller, s’embarrasser  de savoir si tel ou tel mot a cette qualité ? jamais, les accoler aux uns aux autres et qu’ils viennent, entendre dehors les policiers qui cherchent quelque chose qu’ils ne peuvent trouver, poser quelques photos

des images illustrations de quelques jours, de quelques heures, ce qui pourra bien faire sens, on aime qu’il y ait aux choses un sens, peu importe lequel mais au moins, comme la limaille par le champ magnétique, qu’une forme en découle, dire quelque chose au moins, de quelques films

« Zéro défaut » Pierre Schoeller, 2002.

expositions

le pont Neuf un soir de mai

promenades

Bobby qui chante « Maggie’s farm » « she’s sixty eight but she says she’s fifty four »

ou allées et avenues, les jours qui passent et le temps qui reste, le joli mai que Chris Marker peignait en rouge le fond de cet air (attention, merveille!) ou est-ce autre chose, le gris du ciel et les giboulées, les trombes d’eau sur Cannes me dit-on (moi j’aime Cannes pendant le festival, je vois bien et j’entends bien la voix du cinéma celui qui veut une palme celui qui veut vendre qu’on voie son film qu’on y aille et qu’on lui trouve du talent et du prestige et aussi de l’intelligence, même s’il n’y en a pas, même si on connaît le sort qui y est réservé aux femmes – cette année, pas une seule réalisatrice au programme de la sélection officielle, c’est pire que de la connerie, c’est de la provocation- c’est un produit pensé comme un produit – la palme d’or de l’année dernière voilà- mais moi j’aime Cannes, tant pis), les chantiers qui continuent

cliché de vendredi, comme de coutume, mais Donna Summer qui part

il me faut penser à ces retranscriptions, à ces demandes de travail, à ces mails laissés en souffrance avant le pont, préciser après dans quelle mesure ou de quelle manière, il me reste à mettre à jour le journal (j’en suis en juin 11), il me reste des billets à écrire

et des plans à mettre au point, penser au vase de juin, Montreuil à Paris, aller voir ma tante chez ce qui est à présent chez elle, quelque chose se déchire n’importe on continue et on avance probablement avec elle, parfois j’en ai marre de probablement n’y a-t-il pas de choses sûres ?

rien non vraiment ? si, regarder les enfants grandir, bientôt l’anniversaire, le sien précède le mien de trois semaines, je n’avais pas quarante ans, je regarde par dessus les toits, elle en aura dix neuf, regarder devant soi plutôt aussi (probablement) regarder ce que c’est devenu, lire et relire ce « le dire avec des dates » et revoir le chemin qui, du mois de mars au mois de septembre 2008, l’a conduite où elle est maintenant, se souvenir de son frère qui n’allait pas au Ritz, non, mais à l’Intercontinental, se souvenir de la place du marquis de Pombal


sur cette place le Ritz au millier de chambres, immense, l’avenue de la Liberté sur laquelle Pereira, à ce qu’il prétendait, buvait des citronnades

j’étais à Lisbonne quand Bamby est mort, nous allions à Sintra et dans le train, un gratuit abandonné là, avec sa photo en première page, alors évidemment la mort les a pris, tous ceux-là, elle ce fut un treize septembre, Antonio je ne sais plus, Donna hier, alors écouter « Rock bottom » plutôt,  immédiatement suivi par Robin Mc Kelle dans la playlist, écouter encore « On the sunny side of the street » (c’est pourquoi on n’aime pas l’avenue, c’est qu’elle n’en a pas de côté soleil), passer dans les rues du quartier, où le soir est tombé

j’ai croisé le locataire de ce lieu là, qui m’a assuré avoir « sur la cheminée » m’a-t-il dit, « le « B » et le « O » oui je les recollerai, oui, c’est le froid qui…je vais faire une expo photo… »

je préfère celle-ci, croiser tout à l’heure rue de l’Equerre cette petite troupe (ils étaient dix) des jeunes gens probablement (allez va) en train de réaliser quelques images, l’un avait à la main un clap, l’autre regardait son téléphone en disant « on prévoit de la pluie ce soir de dix huit à vingt trois heures » et l’autre (il était dix neuf) « ben alors, on devrait être dessous », les rires, les avancées technologiques, deux autres qui regardaient leur téléphone « ah non, il faudrait traverser le jardin, viens on remonte… » remonter vers Pyrénées, remonter redescendre, clap de fin et ciel du soir

l’arrivée du soir, les avions aux cieux, les départs et les arrivées, les boutiques « free tax » singées de nos jours par les grandes enseignes, autant l’avion est-il devenu le bien commun de toute cette classe moyenne, autant le train lui fait-il une concurrence dans ses atours, comme si le luxe avait quelque chose d’enviable et de durable quand de nos jours c’est le développement qui l’est devenu,  juste le ciel


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3 Comments

    La Villette, il faut que j’y passe avant que ça ferme (les photos de Daniel Kramer, je ne les connais pas toutes !), les grues sont toujours là, et Cannes il pleut à verse (j’avais prévenu Virgile), tes images s’enchaînent comme dans un travelling souple, pas utile d’inventer la steadycam pour appareil photo.

  • Quel beau déroulé, des jours, des pas dans la ville, des sentiments, des idées, des images… Comme toujours ici.

  • […] Tabucchi, acheté à la gare du Nord et relu en partie dans le temps du transport (salut Piero !) : « Pereira prétend que, cet après-midi-là, le temps changea. Soudain la brise atlantique […]