Pendant le weekend

Recette humaniste

Prendre le boulevard vers sept heures moins le quart un soir de semaine, et remonter la rue des Couronnes : en face du bar Floréal, au loin, le jour baissera.

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Descendre le petit escalier qui mène à la bibliothèque adultes. Là, une salle vous attend, vous vous installez : vous serez une vingtaine, assis, quelques bibliothécaires, doit-on parler dans un micro ? Oui ? Très bien.

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Voilà : « écrire, adapter, traduire : l’écriture dans tous ses états », tel sera le titre de la première rencontre du cycle « Ecriture, écritures » (La Scène du Balcon, avec la mairie du 2° arrondissement de Paris vous avaient convié, en début de semaine).

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Michèle Gazier anime : elle indique, pose ses questions, sourit à ceux qui, derrière deux tables, font face au public

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et sont déjà des amis.

Quelque chose de convivial, peut-être, une sorte de réalité,

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une espèce de mise au point. Le jour est descendu, la nuit est apparu, les lumières, les mots qui prennent le pouvoir, la parole, et la compréhension qui vient.

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Pascale Kramer racontera comment elle parvient, parfois, à faire lire certains textes aux producteurs indépendants,

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étatsuniens, quelles sont les difficultés à tenter d’imposer des textes contemporains à des esprits qui vouent à la performance, et au profit, quelque chose comme un culte : l’indépendance des donneurs d’ordre l’aide évidemment à faire réaliser ces projets.

Puis, ce sera au tour de Louis Gardel

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de raconter comment un texte , un roman, qu’il adaptera lui-même pour un scénario de cinéma (« Fort Saganne ») se changera en autre chose, peut-être pas en son contraire mais en une différence. J’ai retenu de ces mots si simples et affectueux, cette déclaration de la femme un peu âgée interprétée par Catherine Deneuve : « Soyez doux, car j’ai très peur… »

Enfin, Aline Schulman

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nous parlera de cette propension indispensable aux traducteurs de prendre pour soi les textes et de les transmettre dans cette autre langue (elle les aime autant l’une que l’autre) sans chercher à tout traduire, tout, pour que tout le monde comprenne tout, mais surtout respecter l’esprit des textes. Une petite dizaine d’années pour une traduction du Quichotte plus tard, enfin quelque chose qui se lira par tout le monde francophone.

auteurs-couronnes-2Ainsi, de ces trois approches, une résultante vous apparaîtra, devant le petit buffet dressé pour l’occasion : les états de l’écriture sont, avant tout, une affaire de style, et les quatre intervenants présents ce soir là vous en auront fait l’élégante démonstration. Dehors, en redescendant la rue, dans la nuit, vous aurez acquis une certitude, celle que des mots et des êtres, et du langage qu’ils ont eu la générosité de partager avec vous, qui ne faisiez qu’écouter, de ces phrases et de ces rires peuvent naître une vraie et tangible compréhension du monde dans lequel, grâce à eux, vous vous mouvez sans doute un peu plus légèrement.

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