Pendant le weekend

Graffiti Culture Beaubourg

Vendredi dernier, je suis allé écouter une conférence proposée par le Centre Pompidou.

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Dans la petite salle. Le sujet « Le Graffiti ».

Nous étions une petite soixantaine.

Le sociologue (Luciano Spinelli, clair, simple, brillant, intelligent en français) nous a expliqué quelques  composantes de l’existence de ce type de représentations.

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Au premier tiers de son exposé sont arrivés les trois ou quatre « graffeurs » comme ils aiment à se nommer qui participeront tout à l’heure à « la table ronde »..

Luciano Spinelli a repéré les diverses inscriptions : le nom du graffeur, la rue où il officie. Marqueur d’un territoire. Infliger aux murs des dessins si possible difficiles à y poser, le tout était illustré de photographies , intéressantes et parlantes. Le graffiti veut dire quelque chose au monde entier : il s’empare des immeubles abandonnés, il s’incruste dans des espaces intersticiels, il est reconnu par des initiés, des notables de cet art (la comparaison entre Sao Paulo et Paris, le brésilien et le français), ici comme là les déclarations agressives de soi, les marques de sa propre existence comme celles de ceux qui regardent, reconnaissent, apprécient l’effort.

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Une pratique de nos jours : marquer à l’acide fluorhydrique les cabines téléphoniques transparentes (matériel mobilier urbain appelé à disparaître sans doute parce que de plus en plus dévolu aux pauvres…), tags à l’acide sur les vitres des métros, rayures au diamant…

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Un exposé formidable.

Puis vint le temps des graffeurs : le meneur de jeu, lui aussi arriva en retard (vers vingt heures, la conférence débutait à dix neuf , le débat assez lancé mais cela n’a pas d’importance). J’ai remarqué trois choses : il ne s’agit que d’hommes ; ils portent des pseudonymes ; ils veulent offrir des couleurs à la ville.

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La table ronde a commencé avec un peu d’avance sur l’horaire. Je sais que les horaires sont des choses qui ont à voir avec la loi. Je sais aussi, depuis, que les graffeurs sont des personnes qui bravent, d’abord, la loi (notamment l’apesanteur).

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Parfait. Une seule chose : lorsque une personne de l’assistance s’en va, il est complètement inutile de l’invectiver, surtout lorsqu’on possède le pouvoir (ici, le micro) et qu’on est installé bien à son aise sur une estrade pour offrir quelque chose de sublime. La question qui se pose est sans doute de savoir ce qui peut légitimer une telle conduite.

Ce n’est pas que je n’aime pas les graffitis, les tags ou ces appropriations de l’espace public, pourquoi me serais-je déplacé et y aurais-je emmené mon amie ?

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Mais, lorsque j’ai entendu l’un d’eux dire « bon ben partez si ça vous intéresse pas », j’ai juste été révolté. Dégoûté. Et peu importe la qualité, la vérité, l’esthétique de cette proposition de soi : l’inélégance et le manque de respect l’ont emportés, nous sommes partis avant la fin.

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3 Comments

    […] Ici, déjà, on a parlé de ces artistes qui rebâtissent quelque chose parfois avec l’aide des habitants voisins (Da Cruz, par exemple). […]

  • Bonjour,
    le but de cette rencontre était justement de créé des ponts entre notre approche de la ville qui nous réunit tous, tenter d’expliquer notre démarche aux plus grands nombre, puisque nous pratiquons une activité plutot engagé qui n’est pas toujours bien compris.
    Cette table ronde se voulait plutot détendu, informelle , pour etre au plus proche des gens, et c’est moi notament qui ai plaisanté lorsque les gens partaient , mais ce n’était pas dans le but de les mettre dans l’embarras, mais plutot de détendre l’atmosphere et de rendre interactif cette rencontre, car ce n’est pas parceque nous étions au centre pompidou qu’il fallait pour autant etre « poussiéreux »…..
    Voila pas de quoi se sentir « Révolté,Dégouté etc….. » car que ce soit à pompidou ou dans les rues du monde, on intervient pour faire réagir les gens et tenter d’amener de la vie….et dans une grosse majorité les gens le percoivent.

  • […] fresque due à Da Cruz est en passe de disparaître – tel est son destin, comme le nôtre – on […]