Pendant le weekend

Amos Gitaï au palais de Tokyo

L’exposition est terminée, une visite in extremis le dimanche soir de fermeture… Le palais de Tokyo va bientôt être rénové, si j’ai bien compris, ce qui n’est pas vraiment dommage…

Les lieux m’ont fait souvenir d’il y a trente ans où avec les étudiants de la Femis, on travaillait dans les salles qui se trouvaient, justement,là où Amos Gitaï a proposé cette exposition déliée et brute,

les sous-sols du palais, des projections sur des murs bruts de décoffrage, des sons qui envahissent et pourtant qui restent sensibles aux films qu’on regarde.

Une évocation de son père (l’expostion titrée « Traces » et peut-être sous-titrée « Lullaby for my father », « Berceuse pour mon père »), son père Munio Weinraub donc, architecte juif qui travailla en Allemagne, survécut en Suisse, le Bauhaus et Albert Speer, la domination et les tueries, cet homme qui a traversé le vingtième siècle, ses horreurs et ses dérives mais aussi Haïfa et l’implantation d’Israël et sa création, quelque chose de lui comme quelque chose du monde… 

On se demande parfois si on verra ce film, dont certaines images furent ici montrées, les visiteurs s’installent, regardent, cherchent un peu, on photographie, on garde quelques traces…

Dehors, au delà du parvis coule la Seine, 

la tour Eiffel domine toujours le quartier.

Des extraits de ses films qui étaient proposés m’ont permis de comprendre, un peu comme je comprends le Portugal par Antonio Lobo Antunes en Angola, comment et pourquoi Amos Gitaï est un cinéaste probablement assez dur. 

Pourquoi la teneur de ses films est si éminemment personnelle mais aussi tellement sociale en ce qu’elle nous parle de l’histoire du monde, à tous.

J’aime reconnaître dans la chance de  cette photo-ci (prise dans le magasin PotemKine, vente de Dvd -30 rue Beaurepaire, Paris 10- que je remercie ici) l’étoile à la main du cinéaste, comme une sorte de pierre ou de diamant qui brillerait sur ce qu’il décrit et a le courage de nommer.

Dehors, c’est Paris, c’est le voisinage de l’Alma et des Champs Elysées : sont-ce des beaux quartiers ?

Et quelle mesure commune entre le sous sol de ce palais et ce luxe gluant, dégradé et avili ?  Je me suis posé la question, regardé cette avenue du nom de celui qui disait : « nous ne faisons que nous entregloser » (Michel de Montaigne), j’ai pensé aussi à la Boétie (celui-ci a sa rue, non loin du Malesherbes et de l’avenue Franklin Roosevelt), j’ai regardé ces signes, tous ces signes que Paris, capitale du cinéma, donne à voir.

Tout à l’heure, j’ai entendu dire que Terrence Malick allait à Cannes cette année : le printemps revient, les ciels sont bleus mais les temps peu clairs, j’ai parfois quelques craintes, ces guerres mais ces joies tunisiennes ou égyptiennes, le monde tel qu’il est.

Dur et brut. Mais aussi, parfois, brillant et joyeux.

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3 Comments

    Potemkine (mais je ne sais mettre le « k » à l’envers), magasin de référence pour moi !

    Pas vu cette expo mais le Palais de Tokyo un soir il y a quelques mois, sorte de hall désert avec petite librairie désordonnée et vendeur sur une autre planète.

  • Pour le K à l’envers, moi aussi…

  • […] C’est un cinéaste qui évoque la guerre, je me souvenais de l’exposition qui avait eu lieu, l’année dernière en avril au palais de Tokyo. […]