Pendant le weekend

Carnet de voyage(s) #83

 

 

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Il faisait beau, tu sais comment c’est dans les terres du côté de la mer, tout autour, un peu à l’intérieur de l’île, des îles si elles sont assez grandes, c’est un peu comme ça un nuage ou plusieurs, une chaleur douce, on reste avec un simple tissu sur le corps, des chaussures vaguement lacées, on porte un chapeau (le mien magnifique acheté sur Syntagma à Athènes deux et demi le jour de l’arrivée, liseré turquoise autour d’une oeuvre manufacturée en carton et en Chine – zeugme – république populaire ça ne veut plus rien dire, ça n’a jamais voulu rien dire, si ?) et des lunettes teintées, on sourit parce qu’il fait doux, on n’avance pas vite, on regarde le paysage

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(je crois bien que c’est le même tiens, je ne me rends compte de rien) on parle de rien et de ce qu’on voit, on avance il y avait là sur la droite cette petite maison

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(je ne suis pas bien sûr qu’on la voie) (elle était à gauche en tout cas)

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un peu mieux, voilà (les lignes sont celles de la tension électrique, ou téléphonique je n’en sais rien, sans doute sont-elles là pour figurer quelque chose d’assez contemporain) l’important c’est cette petite maison, ce doit être une bergerie, je suppose, tellement isolée

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pas certain qu’il s’agisse d’un recadrage, ou alors taillée ensuite, je ne sais plus, plus claire, plus souple et plus chaude, ce sont des photos à l’aveugle comme d’habitude avec le zoom, avec la lumière qui se reflète sur l’écran du téléphone on ne voit rien, on essaye de viser (on vise : les photographes(enfin, certains) disent bien « shooter » pour cette détermination qu’on a à vouloir capter quelque chose, mais je n’aime pas ces phrasés) mais qu’est-ce qu’on obtient ? Pas grand chose : c’est sans doute aussi une sorte de métier qu’on exerce, cette façon de tenter de capturer quelque chose

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(je crois que c’est ma préférée, cette photo moitié vitre moitié ciel) la petite maison est bien là, présente, presque posée bord cadre en bas, là, c’est là qu’on finirait ses jours, seul(s) et le corps dans un désastre qu’il faudra bien assumer (c’est ce même désastre qu’on ressent avec les lunettes de soleil et la vue qui baisse, on les ôte : la lumière broie notre regard : non pas mieux, on les repose sur l’arête du nez, pas mieux, non…) , on est là à regarder, le temps qui passe, c’est du passé, freiner

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ça vient devant soi

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(comme on voit je ne conduisais pas) je n’avais pas remarqué le pâtre le berger le chevrier dans le rétroviseur extérieur, casquette à la slameur, il marche et ses bêtes l’entourent, peut-être est-on revenu sur nos pas, je ne sais plus exactement

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troupeau de bêtes fières (?) qui passe, je crois qu’on était dans l’autre sens pourtant, c’est au retour, je ne sais plus, en revenant de cette magique église entourée de cascades où on peut se laver les pieds (c’est quelque chose, cette affaire de se laver les pieds au devant des églises quelque chose du rite, de la procédure, de la liturgie peut-être) (le plan avant la dernière cène, j’adore ça) (ce n’est pas tant que la religion soit mon fort, ma tasse de thé ou ma pratique, je reconnais, mais enfin les choses sont comme elles sont aussi, bientôt le grand pardon, après on verra pour les restes de la Toussaint mêlés à ceux de la grande guerre, mais n’anticipons pas) ici une jeune femme qui sacrifie au rite

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(c’est juste à côté de Kambia, lieu nommé Agia-ça veut dire sainte- Kiriaki, l’église est construite à même le flanc de la montagne) l’eau douce fraîche, plus haut (c’est indiqué « à 500 mètres ») une toute petite annexe Agia Anna si je me souviens, sous les chênes comme ici, un calme olympien, une douceur de vivre probablement mais comment ne pas y croire dans un tel décor ? Je ne sais pas exactement, nous vivons en ville, nous parcourons dans nos automobiles et nos aéronefs des milliers de kilomètres, voilà tout, on est redescendu, dans une petite ville nommée Paliouras, on a attendu un moment le cafetier (deux heures trente de l’après midi, je ne sais plus exactement), il est arrivé, j’avais eu le temps de photographier cette église-là

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située juste en face du bar (le robot la cadre différemment

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il suffirait de zoomer, je cesse), le cafetier comme à l’accoutumée gentil et accueillant, on pense à ce qu’endurent les gens en ville, à cet abri que la campagne constitue, cette campagne-ci, fruits et légumes, gentillesse et hospitalité, et comme il semble que ce numéro des carnets doive porter sur les maisons, en voici une autre où on pourrait, plus à loisir, tenter de terminer sa vie

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en face de soi, une petite terrasse, plain-pied un commerçant à cent mètres (ça peut faire loin) regarder passer les troupeaux de chèvres, ou de touristes (il n’y en a que peu) (le robot à nouveau quand même on ne résiste pas

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je ne sais quand a été prise cette photo, mais n’importe d’ailleurs, il ne s’agit pas d’une photo mais d’une prise de vue, le reste est aux bons soins de celui qui consulte – c’est presque compulsif, cette affaire de robot…), quelque chose comme de la mélancolie (c’est que les événements de l’année passée m’ont atteint bien plus profondément que je ne l’imaginais)

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décadrer, regarder au loin, on va rentrer d’accord, on reprend l’auto, on reviendra dans d’autres lieux de ces montagnes, l’intérieur des terres, la chaleur de l’accueil et la douceur du vent, voilà tout, la route, je me suis souvenu ensuite, (ou alors était-ce antérieur ? je ne sais plus exactement), mais tout de même, il y avait là ce jardin, avec ses oliviers, déjà là évidemment la première fois (ces arbres nous survivront, ça ne fait pas de doute) et je m’étais dit alors « les portraits c’est bien joli, pourquoi n’en pas tirer de ces êtres-là ? »

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c’est vrai, pourquoi non ? (le vélo s’appuie nonchalamment au tronc de ce premier d’une série d’une trentaine d’olibrius de cet ordre, de cette espèce ou presque (il y a aussi un mûrier, un citronnier, un grenadier, un laurier -plutôt sauce) mais ce sera pour une autre fois (on distingue aussi , vers le haut, gauche cadre, la corde qui tient le hamac) on revient, on s’assoit, on s’étend (ici, dehors, il pleut et ces images-ci aident à supporter ce qui toujours et chaque jour, nous rapproche d’un nouvel été – on aime à espérer…) et pour finir, donc, la maison, vue de haut : on distingue les deux potagers l’un sur l’arrière du carré blanc maison – ce doit être une extension du petit toit dans les rouge qui recouvrait la première construction – , l’autre sur l’avant; la voiture garée sous l’olivier du dehors, capturée par le satellite tout autant robot que l’autre…

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la suite de la cohorte d’arbres dans quelques jours…

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3 Comments

    j’attends, je reste dans le hamac (d’autant que pour en sortir, même sans grâce !)

  • Photos avec vitre de voiture : l’espace à moitié fendu. Troupeau, église (les animaux dans la Bible)… Symbiose, le Christ lavait les pieds, dit-on.

  • @brigetoun : attention oui (il y avait une petite marche pour y grimper)
    @Dominique Hasselmann : pratique très (eau) courante en effet…