Pendant le weekend

Compte-rendu Midinettes (2314)

 

 

 

ici les notes prises lors du séminaire de l’IEC  que donnait Geneviève Sellier vendredi dernier (21 avril 2023) – ça se passait là-dessous

encore merci pour l’accueil – ça se présentait comme ça

lumière naturelle mais sur l’écran comme on ne voit rien, je vais être obligé d’assombrir (l’exposé était cependant parfaitement clair) afin qu’on vït mieux

c’est pas formidable -mais je n’illustre que peu – c’est pour me souvenir aussi. Merci donc à l’IEC et à Geneviève Sellier.

 

Le cinéma des midinettes – conférence IEC 21 avril 23 – Geneviève Sellier (prof émérite cinéma université Bordeaux, notamment analyse de l’œuvre de Jean Grémillon ; travaille avec Noël Burch, anime le site genre écran (point net)

l’étude se base sur l’exploration des numéros de la « revue » hebdomadaire (magazine) Cinémonde de 1946-1967 de la rubrique « potinons – des potineuses et des potineurs »

la nouvelle vague un cinéma au masculin singulier

rubrique « Potinons » commence une demi-page puis une, puis deux puis 3

donne des réponses aux questions posées par des lectrices (2/3 à 3/4) et lecteurs (1/3 à 1/4)

Rubrique animée par Jean Talky (pseudonyme – le nom du chroniqueur avant guerre, repris par Suzanne Chantal qui en prend un autre, Michel Girac)

Contexte de la multiplication des cinés-clubs; ici émergence d’une cinéphilie féminine, questions féminines plutôt classées en « courrier du cœur » ailleurs – un lectorat particulier différent de celui, plus masculin, plus « expert » – pas de ce genre de rubrique (courrier des lecteurs au fond) dans positif ou cahier du cinéma

Cinéphilies ordinaires, quelques dizaines de courriéristes assez fidélisé.es

L’étude s’inscrit dans une proposition acceptée par l’ANR proposée par Raphaël Moïm (?) (université Caen ou Rouen) – 2012-2015 – sur les cinéphilies populaires – ayant mobilisé une quinzaine de chercheurs pour la constitution d’une base de données du Film Complet et Cinémonde Cinépop50 accessible en ligne

Dépouillement du courrier des lecteur.es

On dispose des chiffres des entrées via le CNC – 2 secrétaires au dépouillement Cinémonde

Une première approche : Luis Mariano, chanteur de charme, une vingtaine de films à son actif (décédé en 1970) (époque 46/67 : même genre mais plus aimé que Tino Rossi, Georges Guétary)

Une des courriéristes très suivie : pseudonyme « Émaux et camées » tirée d’une poésie (José Maria de Héredia – mais non)

Climat de l’après guerre : la libération retour des hommes du travail obligatoire ou des camps de concentration, frustration (femmes tondues etc.) – il leur faut se sentir socialement utile – droit de vote en 44 pour les femmes mais règlement de comptes ; prisonniers exilés internés, les femmes restées seules – les femmes aiment (à l’écran) les hommes doux (Luis Mariano, tête de liste au cinéma comme : Jean Marais, Gérard Philipe (: toujours refusé d’être affublé d’un fan club) (homosexualité) François Périer Jean Desailly : ce sont les « chéris des midinettes » on y aime l’opérette ; Luis Mariano suit le cirque Pinder aussi (midinette : le terme vient de ces secrétaires et autres employées du tertiaire qui sortent manger un sandwich à midi – elles ne sont pas encore mariées ni mère – plus tard, elles percevront leur statut (mère de famille) comme un enfermement – le cinéma comme une espèce d’ouverture libératoire)

On voit s’exercer dans les potins une compétence spectatorielle (2/3 écrites par des femmes) – on perçoit le fait que la vie des vedettes est prise comme une forme de vie (et même une leçon de vie)

Recontexte : les femmes sont invitées à rester au foyer et faire des enfants – babyboom : allocation de salaire : à partir du 3° enfant, une allocation de salaire unique (comme un salaire smic/smig) versée si naissance tous les deux ans, mais perdue si la femme travaille – dans ce contexte, la cinéphilie devient une espèce d’autonomie

Une chercheuse cinéphile Janice Redway

le film « La minute de vérité » (Delannoy 1952 – Morgan Gabin) autre exemple de film regardé en temps que femme et/ou mère

autre encore « Avant le déluge «  (André Cayatte, 1953)

expertise cinéphilique aussi en ce qui concerne « Hiroshima mon amour » (Resnais, 59) (scandale à Cannes) mais victoire du cinéma 59 (ancêtre césar) : enthousiasme du public populaire féminin

Étude de la réception : on aime Jean Marais Michèle Morgan – nouvelle vague : rôle prescripteur du cinéma; lieu d’élection de commentaires plus brillants ; plus polémistes sont les commentaires masculins ;

une expertise des publics ordinaires féminin; apparition de la distinction (Bourdieu, 77), prise en compte des émotions ; jugements de valeur tranchés; engagement personnel

Autre aspect : Laurent Juillet « Qu’est-ce qu’un bon film ? » – édifiant et émouvant

instrument de fidélisation ; normes sociales et genrées : apprentissage virtuel voir le cas d’Edwige Feuillère (divorcée en 1936) même ordre de personnage tragique (incarnés aussi par BB : « La vérité » HG. Clouzot 60) : modèle d’émancipation; elle décide quand elle arrête de tourner où les personnages qu’elle incarne sont très souvent punies (Mépris etc.)

Pour les femmes, il faut des chanteurs de charme (des hommes doux) (pas brutaux) une masculinité non menaçante, noter le refus des valeurs viriles et patriarcales (comme Gabin – box office les meilleurs alors Pierre Fresnay, Fernandel) Nouvelle vague : cinéma jeune pour les jeunes

on trouvera donc « Les amants » (Malle, 62 ; scénario Louise de Vilmorin) ; « Hiroshima mon amour (Resnais 59) scénario Margot Duras

La fin de Cinémonde (en 71) débute par des tirages de moins en moins grands (250 000 au meilleur) à partir de 62, concurrence avec Salut les copains – années soixante pin-up ; courrier des lecteurs de plus en plus masculin (Nouveau Cinémonde en 66)

association du cœur du corps de l’intelligence ; le goût populaire participe de l’intérêt des films; moyen, distingué; clivage réception production

Films de femmes commence à poindre : depuis 2019, 15 % de bonus accordé par le CNC si l’équipe est partagée 50/50 hommes et femmes : alors qu’on avait 20 % de femmes réal. avant, on en a avec cette loi 35 %.

citée Pascale Ferrand (tribune peut-être libé) « Plaidoyer pour une cinéma du milieu ») puis mouvement #metoo

 

aux questions suivant la conf. Recommandation du film documentaire « le jour où j’ai découvert que Jane Fonda était brune » Anna Salzberg

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6 Comments

    Ok, alors, si le cinéma est politique… 😉

  • beau balayage (non mieux que balayage parce que pas superficiel mais voulais dire tableau au fil des ans) … et tout semble évident mais devait être passionnant

  • @brigitte celerier : passionnant, en effet. Merci à vous

  • @Dominique Hasselmann : où va-t-on, hein.. Merci à toi

  • Merci . Des souvenirs et des images reviennent.

  • @holt :oui, hein -merci à toi