Pendant le weekend

Dans le décor


Comme on sait, je suis plutôt local, et j’aime que les choses se passent non loin de chez moi. Ici, je ne veux pas (trop) parler de ce livre (il faut – et il suffit de – le lire) mais plus de cette rue

et de sa façon d’être à Paris, il s’agit de ma ville, ce n’est pas qu’elle m’appartienne mais moi, oui. Ou du moins ces temps-ci (et voilà un moment que ça dure).

Je voudrais partir.

La ligne qui va de Jaurès à Stalingrad, non sous-terre (il en est une) mais bien visible, fait découvrir une des facettes de cette ville, deux boucles, et trois virages comme il est dit, qui évitent la rotonde de Ledoux (mais le métro, y faisant sa route à l’intérieur, comme ce serait original : aller au plus droit, au plus efficace, au plus profitable, comme le veut ce monde-là, celui de la consommation, de l’injonction, de l’obligatoire nécessité de répondre par l’affirmative à chacune des questions que la publicité, cette plaie et ce cancer en grosses lettres, ne cesse de nous poser comme si nous avions quelques désirs envers elle).

Je préfère la ville. J’y retourne.

Je suis descendu sur la place de la bataille.

Comme d’habitude, peut-être depuis quelques mois, j’ai pris une photo (enfin, prendre, le mot est lourd). Sur la platine, j’ai posé « Rock Bottom » et j’ai commencé à réduire mes photos au format.

Il y avait là la couverture, des énumérations, des personnages, des plans dessinés magnifiques (Dominique Brenez

magnifiques) de cette rue qui commence ici (pour moi, c’est ici qu’elle finit, mais chacun fait comme il aime). Il y a quelques années que je connais Anne Savelli, nous sommes pour ainsi dire voisins et nous empruntons le même métro, elle vint en résidence sur feu mélico afin d’y créer ses désormais célèbres oloé on l’avait suivie de nos fenêtres

et de ses livres, en voici donc un nouveau.Il s’agit du premier d’un triptyque dont nous parlions, un quinze août, 2009, au coin de Bolivar et de Mathurin Moreau, il traite du grand magasin, et lorsque j’y vois Simone Signoret (il n’y a pas de photo, mais elle est là), la géante et les jardins du Palais Royal, même si je comprends que l’enjeu narratif est derrière nous (comme lorsqu’on descend la rue, on laisse derrière soi

les deux ponts du chemin de fer), même si je sais que cette femme qu’on suit et qui passe devant le 140 de la rue (là où on a assassiné trois femmes sous l’implacable raison qu’elles étaient opposantes et kurdes), puis descendant encore passe devant ces ateliers de diamantaires obscurs et inconnus, invisibles et cachés, puis devant cette brasserie que j’aime quand même, que cette femme donc ira dans ce magasin, sans doute au numéro un de la rue, même si le temps est passé de cette descente vers le centre de la ville, des faubourgs à l’Opéra, du canal au fleuve, malgré toutes ces réminiscences, tous ces immeubles

toutes ces histoires qui se déroulaient derrière ces murs, derrière ces fenêtres, cette rue, cette ville, ces étranges personnages, tout cela parle de ce qu’on aime voir en ville, qui ne s’y trouve peut-être que seulement à travers nos regards, seulement à travers nos mots, nos dessins nos photos. Je suis content de lire le glossaire (magnifique), je suis content de voir cette couleur vive, cette couverture et ces mots, ces repères, et ces titres en italiques.

On aime et on attend la suite. 





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2 Comments

    Il faudra que j’aille l’acheter sur place.

  • Pas complètement sûr que l’y trouve (il y a bien une librairie, cependant, dans ce caravansérail)…